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Ça sent le gaz
vendredi 6 septembre 2013, par
Ils sont nombreux à se demander pourquoi les Américains ou les Anglais n’ont pas bombardé Auschwitz. J’imagine que les mêmes se demandent plus ou moins pourquoi les Américains ou les Anglais, voire les Français les pieds dans la fiente n’iraient pas fièrement bombarder la Syrie. Il est question de gaz dans les deux cas et de l’horreur universelle et habituelle.
Bombarder Auschwitz ou les voies ferrées qui y menaient n’aurait sans doute pas changé grand-chose à la fin de la guerre, ni même à la guerre toute seule. On peut même envisager que la logistique de la solution finale facilitait la vie aux Alliés en faisant perdre du temps et des soldats à l’oncle Adolf n’est-il pas ?
Qu’un autre aujourd’hui balance sa solution finale pour tuer des gamins dans l’un des quartiers de sa capitale n’empêchera pas les enfants du reste du monde de rêver du dernier Iphone™ ou d’idolâtrer les bidules avec écrans. Que la gauche et la droite soient tous d’accord pour ne pas y aller parce que nos intérêts ne sont pas en jeu en dit long sur la dimension économique de notre humanisme XXIème siècle. Même Tom Cruise ne ferait pas mieux dans la science-fiction post-moderne. Rien n’est aussi inimaginable que les discussions de nos amis nous-mêmes, par micros interposés à propos de Marseille ou de la Syrie. Chacun y va et parlote bla et encore bla et bla-bla-bla. Moi là aussi, avec mon café peu équitable un vendredi matin je te parle copain toi de l’autre côté de l’écran avant que l’on ne parte en week-end quelque part dans nos transports en commun :
Les autres, qu’est-ce qu’on en a à foutre ?
C’est un peu ce qu’un citoyen a dit à Hollande dans le nord de la France à la radio il y a deux ou trois jours. Les enfants des voisins, ça n’est pas son problème, il est même né après le Biafra, et ne s’en souvient pas, il veut juste du pain et du vin, des jeux au besoin, mais les gamins dans les linceuls, ça fait des délinquants en moins dans les banlieues : je suis sûr qu’il pense comme ça quand il apostrophe, du haut de sa petitesse, un président venu pour autre chose. Le temps n’est plus à la guerre, surtout s’il faut la faire contre des inconnus qui ne partagent pas nos valeurs comme le dit l’un de mes collègues tunisiens, qui voudrait, en Tunisie comme ailleurs, les abattre tous d’une balle dans la nuque et en public, ce qui en dit long sur le pouvoir de la démocratie des émigrés haut-de-gamme mon cul.
Je me dis tout ça avant d’aller faire les courses en pensant au petit Kévin qui n’y est pour rien. Je l’ai vu avec mon gamin, je sais bien que leurs chemins se sépareront, qu’on n’y peut rien, même si je dirais bien à sa mère, même si j’irais jusqu’à l’ingérence pour qu’elle arrête de l’insulter tout le temps ce pauvre gamin et son frère, à leur promettre des coups de pieds au cul et d’autres au derrière, et des paires de claques s’ils continuent à parler.
Et pourtant, il faut continuer à parler.