Nous étions pressés : la ligne 4 était en travaux, il fallait rejoindre Montparnasse, passer par Denfert, courir dans les longs couloirs de Châtelet avec un Péruvien paumé qui allait au même endroit que nous, sauter dans le RER B, puis prendre la 6, c’était l’aventure. Quitter Paris au bout de deux jours, deux jours toujours suffisants tant la ville m’étouffe encore plus qu’avant, parce qu’elle est à la fois trop jeune et trop vieille, trop embourgeoisée mais trop vulgaire, trop. En montant dans la (...)
Mes élucubrations
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Le petit poussé
3 février 2022, par Grosse Fatigue -
Dire n’importe quoi
3 janvier 2022, par Grosse FatigueDire n’importe quoi, c’est à la porté de tout le monde. Nous étions quelques-uns il y a plus de vingt ans à raconter n’importe quoi ici-même, avant que les commerçants n’y flairent la bonne affaire. J’écoutais Mélenchon ce matin sur France-Inter dire n’importe quoi. C’est-à-dire raconter du vrai et du faux, pour mieux crédibiliser le faux. Quand l’une de mes filles croit que j’ai des points communs avec Zemmour, c’est ce que je lui réponds. Si un imbécile dit qu’il pleut quand il pleut, ou bien qu’Hitler aime (...)
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De l’avantage d’être plus vieux, comme le temps en automne
24 novembre 2021, par Grosse FatigueJe colle des photos stockées retrouvées au hasard du grenier digital dans le bordel des dossiers du bureau virtuel, je les donne aux enfants, je suis parfois dessus. Je leur montre ce qu’ils étaient autrefois, justement quand ils étaient enfants, sans leur dire pour autant que j’aurais bien aimé qu’ils s’arrêtent un peu plus longtemps à chaque étape, pour savourer le sérieux qu’ils montraient à toutes les découvertes avec des grands yeux. Garder un enfant de six ans pour toujours sera peut-être une (...)
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Ash-tag Zemmour
18 novembre 2021, par Grosse FatigueJe suis allé à Paris voir si la Seine est bien toujours la Seine, si elle coule dans le même sens, celui d’un avenir radieux, plein d’automobiles silencieuses, de trottinettes électriques et de Parisiennes élégantes. J’aurais pu aller à Göttingen, à Göttingen. Mais ce n’est pas la Seine.
J’y suis allé pour faire cours, par obligation, mais j’ai pris le temps de traîner au hasard. A la gare de l’Est, je suis allé sur le quai au fond à droite. C’est juste un quai au hasard. Je devrais préciser qu’il est à (...) -
Ressortir voir des gens
17 mai 2021, par Grosse FatigueJe comprends bien que les gens enfermés à Paris dans un placard à balais aient envie un jour d’aller prendre un verre en terrasse à Saint-Germain pour y croiser des regards et d’autres gens et voir fleurir le printemps humide qui nous unifie. Je comprends, c’est parce que nous sommes des animaux sociaux tellement soucieux les uns des autres, nous avons tant besoin de nous voir et de boire et de nous toucher, oui voilà.
C’est bientôt la fin du confinement, je ne sais plus trop bien lequel, je (...) -
Pierre Lazuly est mort
7 avril 2021, par Grosse FatiguePierre Lazuly est mort. Je l’ai appris deux ans plus tard c’est-à-dire hier après-midi, par un lecteur de la grande époque du Rezo. Comme à chaque fois qu’un vivant se volatilise, je lui parle dans ma tête, à la manière des enfants qui vivent encore en nous. Je sais bien que tu es là, Yann, dans ma tête, même si je ne t’ai jamais vu, jamais connu, et que je ne sais pas vraiment ton vrai nom. Les morts sur internet se comptent par milliers. Je vais parfois sur le compte FB de mon neveu pour ajouter des (...)
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Un certain ratage
18 janvier 2021, par Grosse FatigueJe n’avais pas la conscience précise quand j’ai fait des enfants. Je veux dire que je n’avais pas compris - un peu comme ceux qui ne veulent pas d’enfant - que "faire des enfants", c’était faire des adultes aussi. Les enfants passent et s’en vont, il faut commencer à s’habituer aux départs et aux absences. Parfois j’envie les femmes qui n’en ont pas voulu même si la nouvelle femme de ma vie actuelle me rappelle à l’ordre en remettant les choses à leur place : les enfants sont des adultes à venir. J’ai (...)
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L’exil intérieur
2 décembre 2020, par Grosse FatigueJe fais du vélo sur internet pour passer le temps avec des centaines d’excuses surtout liées au mauvais temps même si le temps n’est pas si mauvais sauf celui qui passe. Je n’aurais jamais cru qu’il envahirait tout même l’amour ou ce qu’il en reste. La première fois que j’ai mis les doigts sur le clavier gris d’un PC, et que l’on m’a dit "Tape enter", j’ai préféré en rire et attendre que les deux Steve aillent faire un tour chez Xerox à Palo-Alto pour y voler des idées dans l’air du temps et m’acheter plus (...)
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Un adieu prévu
1er décembre 2017, par Grosse FatigueIl y avait son copain un peu trop gros et gras et pas rasé qui faisait crade et qui avait l’air triste et avachi. Il savait à l’avance. Il m’en a parlé en juin, quand on lui a retiré un truc dans la tête, une métastase dans la tête, quand on peut la retirer, on la retire. Il y avait donc ce peintre en bâtiment, tout triste et gras qui était là, qui était triste, et les murs blancs autour, standards.
Il y avait ma sœur, et puis mon autre sœur, sa mère. Il y avait sa sœur. J’avais envisagé tout cela dans (...) -
J’enseigne
13 juillet 2017, par Grosse FatigueJ’ai longtemps cru que j’en finirai avec l’enseignement un jour. J’enseigne dans une boîte bidon où la plupart des étudiants viennent chercher des crédits ECTS comme d’autres cumulent des points de réduction chez Leclerc… Je ne regrette pas l’université. J’y donne un cours en septembre et plus rien d’autre. Je ne cours pas après les cours de vacataire, ça va comme ça. A la fac, ce serait encore pire. Payé au lance-pierre, mais une petite pierre de rien du tout, et en fin d’année, quand la bureaucratie (...)
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