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Dire n’importe quoi

lundi 3 janvier 2022, par Grosse Fatigue

Dire n’importe quoi, c’est à la porté de tout le monde. Nous étions quelques-uns il y a plus de vingt ans à raconter n’importe quoi ici-même, avant que les commerçants n’y flairent la bonne affaire. J’écoutais Mélenchon ce matin sur France-Inter dire n’importe quoi. C’est-à-dire raconter du vrai et du faux, pour mieux crédibiliser le faux. Quand l’une de mes filles croit que j’ai des points communs avec Zemmour, c’est ce que je lui réponds. Si un imbécile dit qu’il pleut quand il pleut, ou bien qu’Hitler aime les chiens et Marine les chats, on ne peut en tirer aucune conclusion contraire. Mélenchon aime bien Poutine pour de mauvaises raisons, et déteste les Américains pour de mauvaises raisons aussi. Il dit n’importe quoi et ça fonctionne. Il espère que ça fonctionnera jusqu’au second tour peut-être grâce à Zemmour mais nous n’en savons rien. C’est n’importe quoi.

La démocratisation du n’importe quoi est dans l’ère du temps. C’est regrettable bien entendu. J’aimais bien quand nous n’étions que quelques-uns ici-même. Nous étions des frustrés bien entendu, mais c’était innovant. Aujourd’hui, c’est le vide. D’ailleurs, il pleut, cette pluie sans espoir avant la fin mars, la pluie grise qui refroidit les corps à partir des extrémités et de la mélancolie.

En attendant le printemps, j’attends la reprise. La croissance. La destruction. J’ai passé le premier janvier après-midi à marcher dans une zone pavillonnaire. C’est là que des gens situent l’espoir. L’un des jardins était plein de nains rouges et blancs, mais aussi de pommes et d’oranges bien rangées, sous des guirlandes électroniques chinoises. Le propriétaire n’était pas encore réveillé dans l’après-midi, derrière ses volets roulants en PVC. Ce sont ces gens-là.

Qui incarnent l’espoir.

Je ne sais plus quoi désirer, à part une fin enviable et très tardive. Il me semble que les insectes de Jünger ne vont pas revenir parce que c’est pas demain la veille. Les enfants veulent des écrans, ça fait bien. Le type avec les nains de jardin a sans doute encore des besoins, j’espère que l’hôpital public pourra les satisfaire. Houellebecq sort un nouveau roman. J’aurais dû faire Houellebecq, quand même. Un effort démesuré. Dire n’importe quoi, ce n’est pas à la portée de n’importe qui.

Le neveu d’une amie va se marier avec un transgenre chirurgie plastifiée. Tatouée botoxée et donc vraiment artificielle, l’important, c’est qu’il soit heureux aurait dit son père. En vrai, il ne faudrait donc plus s’inquiéter de rien et être heureux, sans critère particulier. Comme le type aux nains de jardin.

Dire n’importe quoi devrait donc convenir.