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Ce soir je fais comme tout le monde

jeudi 23 avril 2015, par Grosse Fatigue

Ce soir il est presque minuit et je regarde un mauvais film haleine chocolat sur une chaîne de la TNT, même si je ne sais pas ce que cela veut dire. Avec Laetitia, on a bu deux bouteilles de Bordeaux, et puis elle est allée se coucher, alors j’en profite pour dire au monde entier que ce soir, je fais comme tout le monde. Mais je le fais exprès. J’ai trop mangé et trop bu, je n’en fais pas un plat, j’essaye de voir ce que ça fait. Canapé pieds en l’air ventre tendu film standard comédie à la française. J’aime bien Jean Paul Rouve je l’ai vu faire Polnareff dans Podium il chantait sur Hollydays et c’était ma chanson préférée quand j’étais môme. Le film parle de couple et d’histoires d’amour, j’en ai soupé mais je remettrais bien le couvert. Je suis comme soulagé. On a bu du fromage et du vin rouge jusqu’à rigoler et j’ai pensé à hier soir, après le concert, quand on a bu un verre avec un copain au milieu de gens jeunes en terrasse, en remerciant Haroun Tazieff et le réchauffement climatique. Trente degrés en avril, des filles presque nues, des garçons asexués, la joie de vivre, pas un insecte survivant, des packs de bière, j’ai pris un demi de blanche, et c’était bien. Hier soir, dehors, à la terrasse les gens semblaient heureux, ils parlaient de choses et d’autres quand Alexandre m’a demandé dans quoi ils allaient bosser.

Bon. Je préfère ce soir.

Ce soir, le film est illusoire, des Parisiens sans travail vivent dans de somptueux appartements à 20 000 Euros le mètre carré, ils sont oisifs et nous racontent des histoires qui n’existent nulle part, il suffit de se promener dans Paris le soir pour contempler le calme de leurs solitudes.

Mais hier soir les étudiant oisifs de province refaisaient le monde et la musique autour d’une bière et nous vivions à vingt ans d’écart et les filles riaient, des types jouaient au fond de la salle, et j’ai soudain compris que j’avais perdu dix-sept ans avec la mère de mes enfants, sauf pour les enfants. Rude constat qui me remet d’aplomb. Une amie me l’a dit après tout, c’est une chance pour toi, sinon, tu serais resté jusqu’à la fin de ta vie avec une femme qui ne t’a jamais aimé.

Laurence tu as raison, et puis Astrid et Nathalie me disent que voilà, un frigo c’est bien, mais c’est pas pour vivre avec. D’ailleurs, elle détestait que je lui chante l’autre chanson de Polnareff où il parle de frigo et de froid. Le prémonitoire fait toujours froid dans le dos. Et puis Elisa qui me dit que quand on part pour un con, c’est qu’on est...

Ce soir, je fais comme tout le monde. J’ai fait les comptes, et je crois que tout cela est une libération, même si pour les enfants, c’est toujours très triste. Il va falloir profiter de la vie, de la leur, et du temps imparti Gary.

Mes amies : je suis libre ce soir.