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Ils s’appelaient tous Michel

dimanche 7 juin 2015, par Grosse Fatigue

- "Papa, c’est Michel quoi celui-là ?
- C’est Polnareff.
- Non, mais pas Paul, c’est bien Michel qui a tué grand-maman ?
- Oui, c’est Michel Polnareff.
- C’est son nom Michel-Paul Nareff ?
- Non, son prénom c’est Michel.
- Et celui qui a fait comme l’oiseau ?
- C’est Michel Fugain.
- Et Michel Sardou, c’est la même époque ?
- Oui. C’est quand j’avais ton âge.
- Les chanteurs s’appelaient tous Michel ?
- A peu près tous. Michel Jonasz. Michel Delpech. Michel Sardou. Michel Fugain. Michel Polnareff.
- Oui mais pourquoi ? Aujourd’hui, le fils de Jacques Chirac, le chanteur, il s’appelle Kendji. C’est sans doute un prénom japonais.
- Non, c’est un prénom de beauf. Ça fait fureur depuis la dépénalisation des prénoms craignos.
- Ça date de quand ?
- Je ne sais plus. Dix ou quinze ans. On a maintenant le droit de donner des prénoms américains à des chômeurs français. Ça les rassure. Autrefois, les beaufs aimaient Claude François.
- C’est qui ?
- Un chanteur à paillette mort dans son bain.
- C’est bien ?
- Cherche sur Youtube™.

.......

- Ah papa, c’est drôlement bien !
- Tu trouves ?
- Ah ben oui, c’est drôlement bien !
- A quoi ça sert petite que tu sois déjà au conservatoire à neuf ans si tu aimes la musique de mauvais goût de ma jeunesse ?
- Ben papa, c’est aussi bien que les autres Michel !

Nous écoutons Comme d’habitude.

Je demande à la petite si elle veut écouter Brel. Orly ou Knokke-le Zoutte Tango.

- C’est trop compliqué Brel papa. J’essaierais quand je serais plus grande. Je trouve que les chanteurs qui s’appelaient Michel, c’était bien. Tu les entendais souvent ?
- Tous les jours à la radio. On n’entendait qu’eux.
- C’était quand ?
- Années soixante-dix. 70 en fait.
- Et Pink Floyd et Santana c’était ça aussi ?
- Ça quoi ?
- Les années soixante-dix ?
- Oui.
- Et Hendrix ?
- Il en est mort.
- C’était puissant papa !
- Tu trouves ?
- Ben papa, écoute bien ! Même François Claude, on s’en souvient de sa mélodie !
- Claude François.
- Oui, c’est ça, avec la petite fille au téléphone qui pleure. C’était drôlement bien.
- Si tu veux.
- T’es pas d’accord ?
- A vrai dire, je ne sais plus.
- Mais pourquoi ?
- Parce que je n’ose me l’avouer.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Que c’était mieux que la plupart des crottes que l’on nous bassine avec.
- Ta phrase a une tournure à l’anglaise !
- Tu n’es qu’en CM1, tu ne peux pas le savoir.
- Si, on fait de l’anglais depuis le CP.
- Ah. Ben nous, on n’en faisait pas.
- Oui mais vous, ça avait l’air bien.
- Tu veux qu’on écoute Stromae ?
- Non. Je voudrais écouter Nicolas Peyrac.
- Après tout, après tout ça, pourquoi pas ?"