J’avais créé un profil Facebook™ des fois que. Tout m’y poussait : la fin des emails, les amis qui me disaient d’y aller, des lecteurs qui m’y invitaient, tout semblait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je savais bien que Mark Zuckerberg avait tout prévu. Quand même, privatiser internet, c’était quelque chose ! Tout ce que les vieux de la vieille avaient pu rêver d’utopies libertaires en ligne, de changement et de partage ! Et lui, lentement mais sûrement, nous proposait sur une seule page le (...)
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Les grandes illusions
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20 janvier 2017, par Grosse Fatigue -
L’autre imaginaire
3 mai 2016, par Grosse FatigueJe crois avoir enfin compris que la fiction c’est la vie. On ne fait que s’inventer une autre en face de soi et à la regarder et vice-versa si l’on est une femme. On s’invente de ces imaginaires qui n’existent pas et finissent par s’envoler comme des ballons chauds dans les hivers froids. Viendra l’hiver.
C’est ainsi que les hommes vivent.
Et les femmes aussi.
J’écoute une amie qui me parle du nouveau venu dans sa vie toute une histoire. Elle projette déjà à la Nougaro sur l’écran blanc de ses (...) -
De l’émotion dans les ruines
14 avril 2016, par Grosse FatigueJ’ai longtemps imaginé les sensations que mon père a pu avoir en rentrant à la maison fin 44. La ville était à moitié détruite, l’incendie avait fait rage des boulevards à la Loire, il était revenu là, après la Campagne d’Italie et celle d’Allemagne, au milieu des Spahis et des Goumiers. Que ressent-on dans les ruines ?
La rue où vivait ma mère avait disparu dans les flammes.
J’y ai pensé à nouveau en écoutant une journaliste l’autre soir, lorsqu’elle était revenue en Tchétchénie, et que tout avait été (...) -
L’influence des planètes
22 janvier 2016, par Grosse FatigueJ’avais un ami qui jouait très bien de la basse et qui chantait aussi. J’aimais bien ce type que j’ai perdu de vue comme il a perdu les femmes qu’il n’aimait plus comme tout le monde à vrai dire. Il y a longtemps, il lisait des traités d’astrologie et ça me faisait bien rire. Comme j’étais un mauvais batteur mais un beau-parleur, il avait essayé de me convaincre de la véracité de l’astrologie. Je l’avais facilement converti à penser à autre chose en lui parlant de la masse de la Tour Eiffel, ce qui marche (...)
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Un autre couple
6 janvier 2016, par Grosse FatigueIls sont plus de deux-mille et je ne vois qu’eux deux. Non, ça n’est pas Orly, c’est juste un souvenir de vacances. Un couple, trois enfants. Je mange avec eux. On discute. Je suis seul et n’ai pas d’enfant. J’ai l’impression de n’avoir aucun passé, et pas d’avenir, d’être en suspens dans le Vercors, comme une chanson de Bashung, mais c’est pour y faire du vélo, voir les paysages, et oublier.
Dans les paysages, il y a toujours un pavillon, une verrue, une horreur.
Je ne vois qu’eux deux. Il lui tient la (...) -
Fallait-il tuer le Père Noël ?
9 décembre 2015, par Grosse FatigueDocteur,
Je n’ai jamais souffert de la mort du Père Noël. Je tiens à vous le dire. En 1972, à l’âge de six ans, j’ai décidé de ne plus croire à ce que me disait ma mère. Ni Dieu, ni Maître, ni Père Noël. C’est à partir de ce moment que l’on ne m’a plus fait de cadeau, si ce n’est une enveloppe à Noël, nom d’un vieux texte que j’ai écrit et perdu quelque part, si vous voulez d’autres preuves.
Non, je n’ai jamais souffert de tout cela.
La mort du Père Noël ne m’a guère effleurée. J’avais tant de désirs et (...) -
Son fantôme
21 novembre 2015, par Grosse FatigueL’autre soir dans la nuit humide des sept heures du soir quand les gamins arrivent et que j’entends leurs pas dans la véranda, je l’ai vue. J’ai vu derrière la vitre son visage et ses yeux, sa manière de mâcher son chewing-gum, cette manière que je n’aime pas et qui me soulage d’elle. Puis son fantôme a disparu dans la nuit et dans sa voiture. J’ai pris les valises des gamins.
J’ai repensé à cet homme admirable et sans haine qui parle de la femme qu’il aime disparue dans la débâcle de nos cœurs et du (...) -
Son anniversaire
3 novembre 2015, par Grosse FatigueDans mon sang coulent du Ruinart et du Mumm et ça fait du bien. C’est comme une pollution dans la rivière qui la rendrait rose comme autrefois avec les truites saumonées et les bubble-gums et les bulles de savon. Ce soir, c’est son anniversaire. Je dors chez elle, dans un lit à l’étage, la mezzanine est sombre, il faut que j’évite de me cogner la tête en me couchant. Mais ce soir, ça devrait aller. J’ai bu pour m’assommer.
Elle a quarante ans aujourd’hui. Le jour de sa naissance, j’étais en CM1 avec (...) -
L’étudiante turque
6 octobre 2015, par Grosse FatigueJ’étais un peu déprimé. Pierre Lazuly venait de me dire, comme Joëlle l’avait fait autrefois, que mes textes, c’était toujours le même, et qu’il n’y venait plus. L’exigence de nouveauté m’a un peu désarçonné. Il a sans doute raison.
Après tout, à force de se parler à soi-même, pour ne pas devenir fou, il ne faut pas se plaindre d’ennuyer le monde. Voilà peut-être pourquoi personne ne m’écrit, ou presque plus personne.
Je déambulais jusqu’au glacier à touristes, qui est un bon glacier après l’été, parce que l’on (...) -
On pourrait peut-être inviter maman à Noël ?
1er octobre 2015, par Grosse FatigueQuand elle leur a annoncé qu’elle partait chez un fou, la petite, dans sa chambre et recroquevillée dans le lit à l’étage, m’a demandé : "Papa, tu crois qu’on s’en remettra un jour ?". C’était en février, en hiver. D’autres familles vivaient sans doute la même chose, d’autres encore allaient au ski et moi, avec la petite, je me suis mis à pleurer à chaudes larmes. On était tous les deux à pleurer comme ça, humains sensibles, ça fait du bien. Sa maman est arrivée et m’a dit de ne pas pleurer devant la petite, (...)