GROSSE FATIGUE cause toujours....

Accueil > Les grandes illusions > Fallait-il tuer le Père Noël ?

Fallait-il tuer le Père Noël ?

mercredi 9 décembre 2015, par Grosse Fatigue

Docteur,

Je n’ai jamais souffert de la mort du Père Noël. Je tiens à vous le dire. En 1972, à l’âge de six ans, j’ai décidé de ne plus croire à ce que me disait ma mère. Ni Dieu, ni Maître, ni Père Noël. C’est à partir de ce moment que l’on ne m’a plus fait de cadeau, si ce n’est une enveloppe à Noël, nom d’un vieux texte que j’ai écrit et perdu quelque part, si vous voulez d’autres preuves.

Non, je n’ai jamais souffert de tout cela.

La mort du Père Noël ne m’a guère effleurée. J’avais tant de désirs et d’envies, et surtout des mots que l’on me faisait taire qu’il aurait fallu à l’époque demander au Père Noël un produit nouveau de mon invention : l’amplificateur d’enfance. J’étais petit et vraiment seul, et j’étais le dernier et je faisais mon intéressant - nom d’un texte que j’ai écrit et perdu en ligne, rendez-vous compte - et tout ce qui m’aurait fallu comme là maintenant à l’approche de Noël et de ces affreux souvenirs des années antérieures et de l’année dernière merci Marie, oui, tout ce qui m’aurait été nécessaire à l’époque où j’étais enfant c’était de pouvoir amplifier mon enfance pour que l’on me voit, je fais mon intéressant ! Nom d’un texte que j’ai écrit en ligne il y a longtemps croyez-moi docteur : en voilà des preuves.

Oui, docteur, a vrai dire ça va mal. Ma raison calcule en permanence la ligne de flottaison de mes sentiments et ça n’est pas la joie à vrai dire. Le corps est reparti comme un diable et c’est le cas de le dire mais j’ai quand même mal au cœur de voir le juge mardi prochain pour finalement tirer un trait sur dix-sept de la vie qui a donné celles de mes quatre enfants. Comprenez-moi docteur : je suis humain, Nietzsche.

Bon, j’arrête là ma petite jérémiade, vous me donnerez s’il vous plaît deux ou trois cachets ou mieux : une méthode de travail, un truc à l’américaine, pour continuer le chemin, sortir du tunnel, grimper la montagne et arriver vivant jusqu’à la mort, s’il vous plaît. J’espère que l’on me remboursera par la Sécurité Sociale, et je vous en remercie.

Bien à vous.

D’après les chiffres cybernétiques que je parcours parfois pour me réchauffer, il y a au bas mot quatre-cents thérapeutes égoïstes pour la plupart qui passent par ici. Oui, c’est facile de lire et de fermer les yeux, mais c’est tout-à-fait injuste. Je me demande, docteur, s’il ne vaudrait pas mieux que je passe payant, avant de passer un jour comme un beau diable, sur du vrai papier. Merci de me donner votre réponse avant le bout du rouleau qui, comme vous vous en doutez puisque c’est votre métier, est souvent antérieur à nos espérances, si je puis dire.