Dans le bus ce matin sous la pluie j’achète un ticket un Euro trente j’avais préparé la monnaie. La conductrice aime beaucoup qu’on lui prépare la monnaie, ça lui permet de repartir vite et de tenir la cadence de ce qui fait sa vie. J’aurais pu m’asseoir il n’y avait pas foule, mais j’ai préféré rester debout et chercher alentour de quoi prendre une photo de rue.
C’est là que j’ai vu cette femme la vingtaine ou peut-être plus. Elle avait les yeux de Don Cheadle, ces yeux tristes et étonnés face à un monde (...)
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Manque d’en-train
Des histoires dans le train.
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A mi-chemin dans un bus
18 novembre 2015, par Grosse Fatigue -
Son double onirique et les comptables
23 septembre 2015, par Grosse FatigueLe matin les réveils sont rudes. Autrefois, je n’étais pas du matin. Je traînais dix minutes après la sonnerie, en imaginant une sortie honorable à la monotonie. Je rêvais après les rêves de la nuit, puis il fallait s’occuper des enfants, et s’éveiller. C’était la vie normale. J’imaginais que la vie normale des autres pouvait s’écrouler du jour au lendemain, parce que l’on voit mieux les autres que l’on ne se voit soi. J’avais l’impression d’être entouré d’inaltérable, avec des murs, des amis, quatre (...)
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Se convertir au Galibier
12 août 2014, par Grosse FatigueChacun a son Galibier. D’autres ont le Ventoux. Il faut pédaler pour arriver en-haut. De là, redescendre. Pas plus absurde que le saut à la perche. Les secondes durent des heures. Il faut pédaler.
Il faut pédaler.
C’est en montant le Galibier que j’ai cru comprendre la définition du beauf, notre contemporain, celui qui vient de me doubler à Plan-Lachat en ignorant tout à la fois mon effort et la beauté du coin, quand j’ai pris son rétroviseur dans l’oreille. Après tout, la route est à lui. Tout est à (...) -
Un piano à Montparnasse
1er juin 2014, par Grosse FatigueAu kiosque, les deux Chinoises ne me parlent pas. Elles se parlent entre elles dans une langue étrangère, avant de s’adresser à un autre asiatique derrière la caisse, cette fois-ci en français ma bonne dame. Puis un employé noir leur prête un sourire en français à nouveau, le tout devant l’ébahissement médiatique bien tempéré de la presse française. Il paraîtrait que le fascisme revient tout neuf tout frais sous ses meilleurs atours, pour 2017. Aussi sûr que le réveil des volcans d’Auvergne, dont la presse (...)
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Le problème du paysage
24 janvier 2013, par Grosse FatigueLe pire, c’était en première. Non pas en première B du temps où l’on montait sur les tables en cours d’histoire pour crier notre amour à celles qui finiraient - bac B oblige - dans des succursales bancaires à voir leurs culs s’aplatir avec les années.
Dans les wagons première du TGV, l’équipement est à son comble. J’ai compté jusqu’à trois terminaux interconnectés par personne assise. L’une d’entre elles tenait un Ipad™, consultait son Iphone™ tout en pianotant sur un PC portable ultra-fin et parfaitement (...) -
Je suis donc déjà mort.
31 octobre 2012, par Grosse FatigueIl a fallu brancher l’ordinateur, déplier la tablette, ouvrir le logiciel adéquat, chercher Satie. Voilà de quoi amplifier le cafard. Même s’il fait beau mais froid, le soleil brille et : c’est l’automne quand même. Je désactive le wi-fi en gare. Les gens descendent. L’ordinateur m’a proposé d’ouvrir une fenêtre sur le monde. On tient vraiment à ce que je ne sois pas seul. L’écran m’indique une vingtaine de connexions possibles. Box, box, box. Ce que je m’en fous. J’en oublie l’exclamation. Le TGV repart. (...)
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J’attends la pluie
17 avril 2012, par Grosse FatigueLe terrain est sec comme le gravier d’un cimetière. Les insectes ont disparu et me font comme une obsession. Des espaces se forment entre les touffes d’herbes et j’attends les boules de buissons vagabonds au gré du vent, comme dans les films américains. Ça sent le western. Putain d’avril sans pluie. Pour les archéologues qui viendront, il faut savoir qu’avril 2012 est aussi sec que Delphine autrefois. Pas une goutte. Pas une larve. Plus rien ne pourrit nulle part, sauf au loin les candidats en (...)
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Je nous déteste
24 octobre 2011, par Grosse FatigueJe nous déteste.
Je nous déteste souvent. Je dis nous mais je n’en suis pas. Je suis cosmopolite. Mais je ne le suis pas vraiment. Je le suis uniquement dans le sens où j’apprécie les gens appréciables en évitant dans la mesure de la faiblesse de mes sens de m’arrêter aux premières considérations perçues. En gros, ne pas faire attention aux éléments indépendants de la volonté. En plus simple, ne pas s’arrêter à la forme, la langue, les héritages. Juger les faits.
C’est justement ce qui m’a pris en montant (...)