Je cherche l’épuisement, ce qui m’évite de penser. J’ai trois semaines pour moi seul, sans enfant, sans personne, à attendre le retour des enfants. Emmanuel Macron n’est pas socialiste. Un enfant a été enlevé par son père, j’ai regardé un beau téléfilm sur Arté. L’histoire d’une juive allemande qui retrouvait en 1976 et par hasard le Polonais qui l’a sortie d’un camp. 1976, j’étais en CM1 chez madame Reliant, elle avait un très gros grain de beauté sur la joue, elle fumait beaucoup et avait acheté une Simca 1100 (...)
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Photographies
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Vu du Ventoux
20 août 2016, par Grosse Fatigue -
La sur-réalité
7 avril 2016, par Grosse FatigueAvant j’étais audiophile. C’était pathétique. C’est une pathologie. Il fallait que j’écoute des tas de chaînes hi-fi hors de prix. L’audiophile est un type qui passe son temps à le perdre en jetant son argent par les fenêtres pour écouter Dark Side of the Moon en conditions réelles. Et les conditions réelles, ça n’existe pas : il s’agit juste d’un enregistrement, si bon soit-il.
Avant, j’étais particulièrement con.
J’ai longtemps voulu me débarrasser de mon fétichisme, en évitant les pires. Ce matin, j’ai (...) -
Sensualité photographique
25 janvier 2016, par Grosse FatigueAurélia m’a longtemps fait fantasmer. C’est une grande brune avec une belle gueule de femme de tête et élégante. Elle a des hanches et s’est vantée plusieurs fois en ma présence de ne pas avoir besoin de porter de soutien-gorge tellement tout cela est ferme et se tient bien. Elle a de ces stratégies de jolies femmes qui savent que, à la manière des adolescentes quand elles découvrent.
C’est tout-à-fait détestable.
Je ne l’ai pas vue depuis longtemps. J’espère qu’elle a grossi et qu’elle m’a retiré toute (...) -
Lucien Clergue et Bach, des Parisiennes
20 janvier 2016, par Grosse FatigueJe n’avais pas prévu d’y aller. J’avais même oublié. Je l’ai presque raté. Mais j’y suis allé aujourd’hui. L’entrée H du Grand Palais est toujours aussi minuscule, il faisait froid et humide à Paris, comme si janvier s’était invité impromptu avec beaucoup de retard. Bowie s’étalait aux devantures des kiosques, heureux et beau et vivant, et en 33 tours dans une vitrine du quinzième, avant 1972. J’ai pris une photo. Aux Champs-Elysées, sur la statue du Général de Gaulle, chiait la mouette de Gaston Lagaffe, (...)
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La beauté des lieux
4 janvier 2016, par Grosse FatigueSouvent je pense à la beauté des lieux. Rien ne m’emporte vraiment. Pas même les paysages ni les panoramas, il y a toujours quelque chose de trop dans le cadre. La monotonie. Rien ne m’emporte de ce décor d’aujourd’hui. La standardisation globale du confort et de l’accès y sont pour quelque chose, même si le pittoresque ne m’a jamais non plus vraiment séduit. J’attends toujours en partant loin que le lieu me séduise, comme si la séduction était faite d’une nostalgie évidente. Mais les choses changent et (...)
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Un couple d’amis, 1976.
22 décembre 2015, par Grosse FatigueJe regarde la cuisine dans laquelle nous dînons. Il y a peu de place et c’est chaleureux. Il y a quatre coupes de champagne, nous trinquons à l’amitié durable, qui n’est pas un slogan, ni une religion. Des hippies bohême en 1976 auraient pu boire de la même manière et seraient repartis dans la R16 de leur père après le déjeuner, pour aller à la campagne en rejoindre d’autres. Mais nous sommes en 2015 et la Bohême est une marque déposée je crois. Je regarde mes amis et je vois la sincérité et le doute (...)
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De l’abandon à l’ère numérique
3 décembre 2015, par Grosse FatigueJ’ai ouvert la porte de mon laboratoire photographique. Les murs sont gris, proches d’un gris à 18%. Le gris à 18% est la valeur de gris utilisée pour étalonner les appareils photo. Ça n’a aucune importance. C’est un gris moyen. Quand la photo sort de l’eau, dos au mur, on peut jauger de son équilibre tonal et de la richesse des gris. Des gouttes d’eau tombent sur le sol, la lumière est rouge, et le bonheur est grand de voir apparaître le passé tel qu’on avait cru le voir.
Zut : dans mes classeurs de (...) -
Il y avait cette femme enceinte
18 novembre 2015, par Grosse FatigueSamedi soir à Paris, c’était les quarante ans d’une autre. J’y suis allé en me tatouant sous le poignet l’idée de me taire, tellement je passe mal dans les soirées, à dire n’importe quoi à n’importe qui.
C’était comme dans un bon film de Klapisch. Comme dans Paris. J’ai discuté d’architecture avec un architecte et de Kibboutz avec une fille née dedans. J’ai chanté du Bowie très mal mais très heureux chez le maître des lieux, un type avec une tête d’acteur super sympa et divorcé parce qu’on en est tous là, ce (...) -
Combien de vues
23 octobre 2015, par Grosse FatigueLa photographie est passée de l’album de famille aux flux constants de nos écrans. J’ai retrouvé les clichés du Maroc que mon père avait faits avec son 5,5X11 dans les années trente, puis je les ai perdus, pour la plupart. Le frère d’une amie disparue devait en faire de nouveaux tirages, mais nous nous sommes nous aussi perdus. De vue. La taille impressionnante des négatifs combinée à cette ouverture focale quasi-constante et à la faiblesse de la sensibilité des films de l’époque, donnait aux clichés (...)
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Dans la villa
10 octobre 2015, par Grosse FatigueA l’étage de la villa, les meubles sont recouverts d’un drap blanc, comme dans les films d’horreur à l’américaine. En poussant les volets bleus, on voit la mer derrière les pins, et en contrebas, des cactées gigantesques s’’épanouissent à leur rythme sur la dernière sauvagerie de la côte. J’aime les cactées de près au grand angle, à la Jean-Loups Sieff. J’y vois des veloutés et des toboggans, des formes abstraites et des courbes improbables. A Saint Raphaël, j’ai vu des vieux comme Brel n’en a jamais vu. Je les (...)