Nous sommes partis sous l’orage et nous avons eu peur. Les automobilistes nous dépassaient en criant à cause de leur nature impatiente. Nous avons roulé en prenant des relais c’est bien le seul endroit où je participe à une cause commune : le vélo.
Je roule avec des vieux, des vieux de n’importe quel genre, des prolos, des médecins, des maçons, des instituteurs, des flics de la brigade financière, des étudiants maigres et des amis aussi.
Nous sommes partis sous l’orage qui couvait, qui nous couvait, (...)
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Chroniques potagères
Mon potager. Les saisons...
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Sous l’orage
12 mai 2017, par Grosse Fatigue -
J’ai eu du mal à quitter les années soixante-dix
16 avril 2017, par Grosse FatigueJ’ai eu du mal à quitter les années soixante-dix. Je crois que j’ai été obligé. C’était en classe de quatrième. Un punk parisien écoutait les Clash. On faisait des expériences sur un œil de bœuf. J’avais un œil de lapin et c’était trop petit.
J’écoutais Pink Floyd à fond tout le temps dans ma chambre mauve.
J’ai eu un mal fou à quitter les années soixante-dix. Elles ne m’ont jamais quitté.
Le petit aujourd’hui me parle du jardin de mon enfance, de mon époque - une donnée très floue pour un enfant - de mon père (...) -
Un couple en forêt
5 février 2017, par Grosse FatigueLe sol était boueux après la tempête, nous roulions à deux en souriant, les dents mouchetées de feuilles en décomposition, c’était presque beau. C’était du moins l’un des versants de l’amitié, le plus simple et le plus serein, rouler en vélo dans des chemins détrempés que l’on connaît tellement bien que l’on sait à l’avance où les nids de poules vont ressurgir, comme à Sedan en quarante, par exemple.
Nous avions fini le tour de nos sujets préférés. Je m’étais auto-congratulé puisque je sais depuis longtemps que (...) -
Les saisons
16 janvier 2017, par Grosse FatigueAutrefois je redoutais l’hiver même au cœur de l’été, quand le souvenir de l’hiver passé disparaissait en marchant dans les pétales de glycine, quand on avait dépassé mai. Et l’hiver j’attendais l’été, l’imaginant comme une fin, presque une fin en soi, avec quelque part ce que mon enfance n’avait pas connu des platanes du Midi, de la Méditerranée, du soleil à la verticale et de la senteur des pins, de l’Italie.
Il me semble que toute mon enfance j’attendais l’été, l’été prochain, car le principe de l’été c’est (...) -
Les vieux dans les jardineries
1er décembre 2016, par Grosse FatigueLes vieux dans les jardineries font des stocks de produits polluants pour en finir au printemps. Avec les escargots et les limaces, les batraciens et leurs voisins s’ils ont le cœur vert. Oui, car bientôt, les produits phyto-sanitaires (ceux qui tuent les bêtes dans les jardins moches des gens avec des têtes carrées), oui, les produits phyto-sanitaires (ceux qui donnent des cancers de la bite aux agriculteurs), oui, les produits phyto-sanitaires vont être interdits aux particuliers en janvier (...)
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La première goutte de pluie
4 août 2016, par Grosse FatigueJ’étais sur la terrasse en hauteur, c’est plus un pont qu’une terrasse, et même une passerelle qui va d’un bâtiment à un autre mais qui ne comporte en son extrémité qu’une porte et un mur à l’autre bout. Du côté de ce mur dorment des plantes grasses dans des pots, et comme toutes les choses rares - puisqu’elles sont d’ici, je veux dire du sud - comme toutes le choses vraiment rares, elles me plaisent et je leur fais la conversation. Ça n’est pas rien de faire la conversation à un quelconque cactus après en (...)
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Le milieu de l’été
22 juillet 2016, par Grosse FatigueJe ne sais pas si l’été a un milieu. Je ne suis pas sûr qu’autre chose que les objets standardisés ait un milieu. Certains cherchent le centre de la France depuis toujours. J’ai l’impression que c’est le milieu de l’été : il faudrait calculer.
Je viens de raccrocher. J’ai eu Damien au téléphone. C’est un vieil ami qui prend des nouvelles. Je l’ai finalement rejoint sur le même échouage. Nous avons conclu que, effectivement, nous avons été romantiques. La sienne l’a tué il y a longtemps, il n’a élevé que les (...) -
Je n’aurais jamais cru
24 mars 2016, par Grosse FatigueAznavour tient en une quinzaine de chansons. C’est déjà beaucoup. Ce soir, en rentrant, je sais que les mômes ont préparé des cadeaux de mômes, les cadeaux si précieux en ces temps de manque d’amour, avec des fresques de papier, des petits mots découpés, des embrassades tous ensemble, dans la cuisine nous cinq. On ajoutera sans doute au menu la chatte folle qui nous réveille la nuit et les cherche une semaine sur deux, les bébés cochons d’Inde parce que j’assume mon côté péquenaud, et peut-être je ne (...)
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Et puis vieillir sans faim
24 mars 2016, par Grosse FatigueDemain c’est mon anniversaire. J’ai la tête de mes artères. Ça va.
J’ai lu un petit papier de Charlie Hebdo à propos d’un nouveau bidule qui nous permettrait un bricolage génétique sans fin. Charlie dit un peu n’importe quoi. Le nom du truc : Crispr-Cas9.
En fait, il doit s’agir d’un moyen de bricoler à l’infini notre ADN.
Je n’avais pas fait le lien avec mon anniversaire demain.
Et puis j’ai repensé aux utopies de la Silicon Valley, et à la vieillesse d’Ernst Jünger. Vers quatre-vingt dix ans, le vieil (...) -
Le bon livre, comme un filon
23 février 2016, par Grosse FatigueIl pose d’abord le décor, comme Brel dans une chanson en noir et blanc, avec de la sueur. Puis le récit file, et l’on suit, et l’on en redemande. Voilà ce que j’aime chez les écrivains. Que la prose se pose, lentement, et que nos yeux, bien que rivés aux mots, ne soient plus que les accessoires des scènes qui défilent devant nous, mieux : à l’intérieur de nous. J’attends cette sensation à chaque fois que j’ouvre un livre.
Il faut parfois se forcer. Comme en musique, il faut se forcer. Puis le plaisir (...)