J’ai longtemps cru que j’en finirai avec l’enseignement un jour. J’enseigne dans une boîte bidon où la plupart des étudiants viennent chercher des crédits ECTS comme d’autres cumulent des points de réduction chez Leclerc… Je ne regrette pas l’université. J’y donne un cours en septembre et plus rien d’autre. Je ne cours pas après les cours de vacataire, ça va comme ça. A la fac, ce serait encore pire. Payé au lance-pierre, mais une petite pierre de rien du tout, et en fin d’année, quand la bureaucratie (...)
Accueil > Parents d’élèves
Parents d’élèves
-
J’enseigne
13 juillet 2017, par Grosse Fatigue -
Un nouveau messie
1er décembre 2016, par Grosse FatigueParfois j’anticipe des choses. Je me trompe souvent. Mais parfois j’anticipe des choses.
Comme la fois où les filles au dernier rang de l’amphithéâtre se regardaient le nombril parce que c’était septembre et qu’elles étaient encore à moitié nues et qu’elles étaient fières d’avoir obéi à un diktat à la mode, celui de la mode, précisément, du piercing dans le nombril. L’année d’après, c’était le bas du dos et le tatouage ethnique. J’en concluais sans en être bien certain, à la fin de l’intimité et à la (...) -
Le complot
13 avril 2016, par Grosse FatigueJe crois que mes propres enfants y croient. C’est quelque chose d’encore très flou comme beaucoup de choses sérieuses peuvent l’être quand on n’a pas vingt ans, ou bien dois-je reculer le temps et penser que le sérieux n’arrivera qu’à trente ou quarante ans.
Voire jamais comme dans mon cas. Mais c’est une autre histoire.
J’ai écouté des étudiants l’autre jour. De l’oreille gauche on me parlait réunions et audits et je n’écoutais plus la soupe habituelle de l’américanisation pédagogique. A ma droite, des (...) -
Confisqué !
11 février 2016, par Grosse FatigueSouvent. Elles sont deux au fond de la salle. Une brune une blonde. Elle sont au fond de la salle et c’est un signe : elles ont autre chose à faire. C’est à chaque cours ainsi.
Aujourd’hui. Je me place derrière elles pendant les exposés, car pour une fois, je suis au fond de la salle. La blonde est nerveuse, addiction évidente : il faut qu’elle tripote quelque chose. La plupart du temps, c’est son portable. Ou son tatouage, ou son piercing infecté. Elle me fatigue. Elle est la preuve que l’on donne (...) -
Où va le grand.
9 février 2016, par Grosse FatigueEn rentrant, je vois mon grand dans la cuisine. Il finit un trognon de pomme. Je lui précise de le donner aux cochons d’Inde parce qu’on en a. Je retrouve le trognon à la poubelle.
Le grand oublie tout. Le grand a la mémoire volatile, la mémoire des choses normales et quotidiennes. Le grand ne sait plus trop ce qui est logique et ce qui ne l’est pas. Il ne travaille pas son piano mais qu’est-ce que j’aurais donné pour jouer Life on Mars comme lui à quinze ans. A l’époque, ça aurait sans doute (...) -
Mes gamins partent en vrille
30 novembre 2015, par Grosse FatigueMes gamins partent en vrille, comme un Stuka en 1940, par exemple.
A l’origine, je croyais que mes enfants feraient des adultes formidables. J’avais décidé qu’ils n’auraient pas la même enfance que moi. Non pas tant parce que mon enfance était d’une laideur terrible - ça n’était pas le cas - mais parce que mes parents m’avaient tellement fait par hasard, voire par erreur, que les miens, les quatre, je m’étais dit que nous les avions faits comme on plante des fleurs, même si c’est parfaitement naïf de (...) -
A quoi sert la réforme du collège ?
3 septembre 2015, par Grosse FatigueJ’ai quatre enfants.
Les quatre sont allés à la même école maternelle. Puis à la même école primaire. Ils ont fréquenté les mêmes enfants issus des mêmes familles et des mêmes milieux sociaux.
Les quatre ont réussi à lire correctement en fin de CE1... Pas avant. Ce sont quatre enfants normaux.
Aucun n’a jamais recopié grand-chose le soir : il n’y a pas de devoir. Dans chaque classe, quand on a interrogé l’instituteur ou l’institutrice, ils ont à chaque fois répondu : les devoirs sont interdits le soir. (...) -
Je regarde les enfants
1er septembre 2015, par Grosse FatigueJe regarde les enfants les miens ceux des autres. Je regarde les parents. Je vois les instituteurs. Nous faisons de notre mieux. Nous nous souviendrons des jours de rentrée, des jours de septembre, du premier jour. Les enfants ont la trouille et la boule au ventre et tout s’évanouit une fois les amis retrouvés.
Sous le préau.
Mais personne ne se souvient vraiment de son enfance. De l’école primaire, il ne reste à chacun qu’une ou deux images. Pas un nom, pas un visage. Quelques visions troublées (...) -
Pas Sardou
18 juillet 2015, par Grosse FatigueC’était il y a plusieurs mois et j’y repense ce soir. Insomnie post-production américaine. Une amie m’a donné des films piratés. Frissons. Prison ? Rien du tout.
Les gamins ont vu La famille Bélier, pas de quoi en faire un plat. Sauf que le petit, du haut de ses six ans, s’est mis à chanter du Sardou. Devant moi tout fier. Chanter du Sardou !
Bon : à six ans, j’en entendais tous les jours du Sardou. J’ai oublié les paroles et je préfère Nicolas Peyrac ou des types tombés dans les oubliettes. Mais (...) -
Un Chinois mon ami
8 juillet 2015, par Grosse FatigueAu début d’année, on ne comprenait rien à son sabir au Chinois. Il était très volontaire, très enthousiaste, il souriait dans le rang du fond. Au fur et à mesure, il s’est rapproché. Les autres Chinois sont restés au fond, avec leurs traducteurs électroniques. Mais lui, la joie l’a pris. Il posait des questions incompréhensibles. Mais c’était très bien. A la fin, au bout d’une vingtaine d’heures, on a compris quelques phrases.
Mon étudiant chinois m’a dit dans le couloir "Vive la France Docteur !". Il a dit (...)