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Quatre-vingts lecteurs

lundi 11 mars 2013, par Grosse Fatigue

La journaliste est revenue à l’attaque. Elle veut parler de mon site. Je ne sais pas très bien pourquoi puisque tout est dit. Elle veut mon vrai nom. Je lui oppose un autre non. Je lui précise que j’ai déjà eu mon quart d’heure de gloire, et que le bloc-notes en ligne se suffit à lui-même. Elle insiste. Elle a déjà déballé beaucoup d’arguments, le plus fin étant de me préciser que, grâce à elle, j’allais enfin être reconnu. Ce qui m’ennuierait le plus serait de l’être dans la rue. Reconnu. Mais quelle affaire...

Rien à foutre.

Alors elle insiste. Elle n’a pas apprécié l’article que j’avais fait sur elle [1]. Le monde à l’envers pensez-vous : un article sur une journaliste, anonyme à tous points de vue, mais explicite. Elle précise : si je ne parle pas de vous dans mon article "de fond" sur les blogs, je parle des autres. Vous aurez définitivement disparu. Je fais la pluie et le beau temps. Et il y aura des suites. Profitez-en, vous avez une plume (dans le cul ?), vous avez de la verve, laissez-vous faire.

Alors j’avoue tout :

J’AI QUATRE-VINGTS LECTEURS EN TOUT. Je précise en chiffres parce que c’est important : 80.

Je ne suis pas impressionné. Ni imprimé. J’ai 80 lecteurs, un point c’est tout. C’est très simple. Ce sont des fidèles, des soutiens, ils viennent à chaque fois, presque en silence, ils participent à leur manière, qui n’est pas participative, je les regarde sur la courbe statistique, comme les surfers à Biarritz dans la brume permanente des vagues espagnoles en contre-jour. J’y repenserai fin avril, en bord de plage. Je regarderai les gens riches aller et venir et parfois sortir du palace qui leur sert d’hôtel. Et ça n’aura aucune importance. Peut-être même que je croiserais cette journaliste, cette stagiaire à vie, la femme de l’éphémère qui me propose d’agrandir la couvée, de 80 à 100 : c’est toujours une question de chiffres. Et je suis si nul en maths que je mets un temps inimaginable à comprendre l’importance des chiffres.

Tout cela est faux bien entendu. Les gens sont partis ailleurs, sur un autre web, une autre vague, très vâgue à mon goût, très interconnectée, et surtout, très "entre-soi". Les amis recommandent des amis, qui eux-mêmes vous parlent parfois, comme si l’on avait des choses à se dire. Continuer à déblatérer sans réseau d’amis et, pire, sans un forum, c’est un peu con me dit-elle.

Comme elle a raison. C’est comme persister à jouer du piano à l’heure des synthétiseurs, à planter des petits pois quand il y en a plein les boîtes de conserves. C’est d’ailleurs le moment de planter les petits pois.