Il est dans la grange à jouer du piano. Il joue du Supertramp et ne joue quasiment que ça, à cause de son père qui trouve ça bien parce que : ça lui rappelle ses quinze ans.
Alors je me mets dans la tête de mon fils, pour essayer de changer ma vision des choses. Il est au piano et joue avec son petit frère, un tout petit frère de sept ans avec un saxophone dans les dents qui fait poueeeeettttt et pouuuuuuuuet. La grande sœur est partie à un anniversaire. La terrasse est éclairée du soleil blanc de la (...)
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Les grandes illusions
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Mon fils a quinze ans demain
26 septembre 2015, par Grosse Fatigue -
Des planètes et des rats
23 septembre 2015, par Grosse FatigueIl y a bien eu des Souris et des Hommes. Dans La Recherche de ce mois, le découvreur des exoplanètes m’a mis du baume au cœur : nous ne sommes sans doute pas seuls. Les statistiques et les probabilités auraient dû nous le dire il y a bien longtemps, mais notre forme de pensée abjecte et religieuse nous a toujours empêchés de lever les yeux au ciel pour y voir autre chose que l’invisibilité de l’inexistant : depuis l’invention du monothéisme, le ciel est noir, vide, incongru. Il y aurait des millions de (...)
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La famille modèle
16 septembre 2015, par Grosse FatigueCe soir je rentre très tard les mômes sont au lit la grande est malade mais la baby-sitter est là. Elle est bien.
Elle fait psycho, je ne le conseillerais pas à ma fille si l’on peut encore conseiller les filles, mais elle le fait sérieusement, et je l’aime bien.
On parle des enfants, de la tristesse. Oui bon ça va la tristesse, il existe des optimistes !
Je n’en fais pas partie.
Et puis Lucille la baby-sitter me dit que oui, je n’ai pas compris, quand vous m’avez annoncé qu’elle partait, euh, (...) -
Des verrues
3 septembre 2015, par Grosse FatigueCe soir, la mère de mes enfants est venue à la maison. Elle a amené ses jolies jambes, ses talons, son beau visage, son petit nez, ses yeux de biche. Je lui ai offert "Boussole" le dernier bouquin de Mathias Enard. Je lui ai dédicacé bien que je ne l’ai pas écrit. J’ai mis : livre d’adieu. Quelque chose comme ça. Comme elle a perdu le cap....
Puis le petit a soufflé les bougies.
Puis elle est partie.
J’étais en colère.
J’ai filmé le petit soufflant les sept bougies. Un visiteur venant de mars aurait (...) -
Moi aussi je suis un soir d’été
26 juin 2015, par Grosse FatigueJe crois que la nuit est tombée sur la terrasse que j’ai faite il y a quelques années avec du pin douglas de chez nous. Je n’en suis pas si sûr j’entends des motos au loin. Dans le jardin de mon enfance, un crapaud sonneur commençait à chanter vers minuit l’été. Je ne l’entends plus que dans ma tête.
Le blanc de l’écran m’illumine solitaire. Alentours, il y a quinze box radiations wi-fi. Cette phrase n’avait aucun sens dans les années soixante-dix et qu’est-ce qu’on en a à foutre effectivement ? Je me le (...) -
Changer tout
6 mai 2015, par Grosse FatigueLaurent m’a appelé aujourd’hui. C’est un ami du lycée. Il était beau et flamboyant, il roulait en Fantic, j’étais vraiment jaloux, mais il était sincère et enthousiaste. Il était sportif. Avec Thierry, il m’a encouragé pendant l’épreuve de sport au bac. En me doublant sur la piste, allez Grosse, courage ! Je me prenais pour un intellectuel, je courais à la vitesse des tortues, me croyant Voltaire et le confondant avec La Fontaine. J’étais un con prétentieux et seul. Les filles adoraient Laurent. Certaines (...)
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Modifier la perception du temps
29 mars 2015, par Grosse FatigueA l’origine il n’y avait pas le temps. Avant le Big-Bang, il n’y avait pas le temps. Il n’y avait rien. Je sais petit c’est dur à comprendre. Mais papa, rien, c’est impossible. Oui. Sauf si l’on considère que rien, c’est rien, que nous ne sommes pas encore là, qu’il n’y a pas de lumière ni même de temps te dis-je ! Rien du tout. C’est avant même l’existence. Avant d’exister petit, tu n’existais pas. Tu viens du rien. Le monde entier a été précédé de cela. Il n’y a pas plus quelque chose après la mort que rien (...)
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Les librairies du quartier latin
27 mars 2015, par Grosse FatigueA Paris, j’ai bifurqué. A Paris, il suffit de tourner à gauche, puis à droite, puis l’inverse. La lumière diffuse du printemps pluvieux éclairait les visages et les automobiles avec ces lueurs passagères et ces gris métalliques d’où surgissent des scooters oranges et comme un parfum d’Italie des années soixante, de Rome vieillissante. L’heure est au commerce et des milliers de cons croient pouvoir marquer leurs amours éternelles avec des cadenas à vils prix polluant les ponts, alourdissant même les (...)
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Nostalgie et café viennois
30 janvier 2015, par Grosse FatigueJ’allais dans les années quatre-vingt boire des chocolats viennois dans le café viennois de la rue de l’Ecole de Médecine. J’y suis aujourd’hui, poussé non par la nostalgie, mais comme par une uchronie personnelle, une pulsation à la Philipp K. Dick qui me permettrait de revivre l’avant, et de, peut-être, faire d’autres choix. Nous fréquentions le lieu avec mon meilleur ami après être passés chez Gibert ou dans des librairies du temps où les livres étaient les seules portes ouvertes sur d’autres réalités. (...)
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Les naufragés de l’autocar : Rome.
27 octobre 2014, par Grosse FatigueNous avons pris un bus par erreur à Rome. C’est une bonne idée non intentionnelle. Nous avons navigué sans rien comprendre sur le flux refluant du prolétariat d’autrefois jusqu’aux immigrés d’aujourd’hui, comme un arc-en-ciel s’éloignant du centre vers la banlieue la plus lointaine. Nous sommes passés des immeubles chics et des villas ocres aux immeubles tout court et aux obèses à pizzas. Nous étions collés là sans le faire exprès dans un bus qui n’allait pas où nous pensions qu’il allait, ce qui (...)