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Des histoires de voyous

mardi 22 mars 2016, par Grosse Fatigue

Ils l’ont fait et le feront encore, quelques assassinats au nom d’un mensonge millénaire, d’autres l’ont fait avant eux, pour les mêmes causes ou de vagues raisons, l’ensemble de tout cela se rapportant à des croyances, c’est-à-dire le plus souvent à du vide camouflé dans un emballage de peurs et de merveilleux.

Personne pour nous dire que nos combattants de dieu ne sont que de petits voyous qui, selon l’âge, se refont une virginité passant du pétard à la pétarade, et se suicidant en espérant tout autant le quart d’heure de gloire posthume que la fin de leur petit être misérable.

J’essaye de me mettre à leur place et je comprends tout. Pas d’excuse pour autant. Si j’étais né dans de telles circonstances atténuantes, si l’on m’avait détesté et parqué, si l’on m’avait donné autant d’instituteurs de bonne volonté mais autant de frères et sœurs et de vieilles croyances, si l’on avait fermé les usines où bossaient nos pères tout en me montrant l’argent facile, j’aurais peut-être fait pareil. Puis quand les pires auraient découvert un dieu vengeur redonnant un sens à ma vie, un sens idiot, absurde, sectaire et limité, mais un sens collectif, plein d’honneur et de bêtise communautaire, bref, si j’avais un jour eu le sentiment de n’être rien depuis longtemps et de pouvoir devenir le centre du monde d’une communauté partageant mon désarroi, oui, boum, pourquoi pas ?

Non.

Il aurait en plus fallu que je sois un idiot, un imbécile, un débile profond.

Si.

Je ne sais plus.

Il y va de l’illusion. La croyance, c’est profond, ça vous illumine un être. La croyance est très humaine. La croyance nous caractérise. Y compris la pire. Les nazis étaient pour la plupart de petits voyous dotés au bon moment d’une idéologie bricolée des tendances de l’époque. Staline était un truand. Al Capone aimait l’argent parce qu’il était Américain. Les assassins de Bruxelles aujourd’hui ou de Paris hier sont nés de cette époque qui voit le retour à la communauté comme un bien profond, vanté par nos sociologues béats qui croient, à défaut de dictature du prolétariat, à la vigueur de la culture d’origine.

Je ne crois pas que toutes les cultures se valent : la preuve, je crois encore au progrès humain, cette illusion collective, et j’imagine que nos valeurs sont meilleures que celles d’hier au même endroit. J’imagine aussi que l’Arabie Saoudite est un pays arriéré.

Mais je sais à quel point l’on se berce d’illusion quand le sentiment l’emporte, le corps vacille. Je me souviens de mon ex-femme, encore tremblante, m’avouant qu’elle ne "pouvait pas vivre sans lui". Dans deux ou trois ans, on en reparlera, et ce sera pathétique. Mais il y a un moment merveilleux, qui dure presque une vie chez les croyants, sauf pour les défroqués. Il n’est pas question d’intelligence ici, de niveau ou de culture. Il est question aussi d’émotions. Même si j’ai du mal à comprendre comment l’on peut être émue par le roi des cons. Ou par l’idée d’un dieu invisible, à l’heure où l’on voudrait visiter des exoplanètes. Même si je ne suis pas bien sûr que les astrophysiciens américains soient tous athées. Mais bon.

L’échec de notre universalisme, le colonialisme dont on nous rebat les oreilles et qui serait l’origine du mal, je n’y crois pas une seconde. La fermeture des usines me suffit bien pour faire des frustrations à jamais. Ajoutez à la tambouille le relativisme méprisant qui respecte la culture des autres tant qu’ils ne viennent pas embêter nos filles, et voilà la marmite qui explose. La belle tambouille depuis les années quatre-vingt. La belle tambouille.

Bien sûr, les grands bourgeois du XVIème n’ont pas besoin de dynamite pour nous montrer le chemin de la haine et de l’entre-soi. A leurs manières, on reconnaît de futurs voyous. Alors se plaindre des petits voyous qui découvrent une cause... Tout cela est de la faute à tout le monde. Car personne n’a eu le courage de l’ouvrir haut et clairement, de remettre en cause les religions, les croyances, et la connerie générale, celle qui ne comprend toujours pas à quel point la vie est :

courte.