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Et si c’était de ma faute

lundi 21 septembre 2015, par Grosse Fatigue

Ce soir c’est lundi soir. Le cafard ne reflue pas, il occupe les placards où moisissent les paquets de riz de l’année dernière parfois. Je me donne l’illusion de l’entrain parce que vendredi, les enfants reviendront. Des livres s’entassent sur la table de la cuisine. Je ne touche plus à ma batterie. J’essaye de passer ici au plus vite. Je passe de la cuisine à la salle de bain à la chambre et vice-versa. Je n’avais pas prévu cela.

Je tape ce texte en regardant la télévision sur l’écran de l’ordinateur, ce que certaines personnes de ma génération trouvent encore étonnant. Francis Cabrel chante des trucs des années soixante-dix. Ce qui me va très bien. Même si c’est toujours pareil. J’aurais dû faire Francis Cabrel mais c’était déjà pris.

Merde : il n’y a personne avec moi ce soir. Et pas plus demain soir. Personne. Même la chatte est partie. L’illusion multimédia ne tient pas. Les gens de ma génération... sans doute.

Il faudrait que je repeigne tout. Que je casse quelques murs et que je leur retrouve une mère, un peu différente, un peu pareil. Il faut que je me remette à la photo, que je dépense de l’argent, que je chine des vieux trucs, que je leur raconte des histoires quand ils reviendront. Il faut que je finisse un roman, enfin bon, mon histoire un peu inventée, à la Christine Angot. Enfin je ne sais pas, je n’ai pas lu Christine Angot. Il y a des gens qui me donnent l’impression que la vie est trop courte pour qu’on écoute leur publicité. Mais c’est peut-être très bien Christine Angot. Il faudrait faire comme elle je ne sais pas.
Léo Ferré parle à la télévision avec Francis Cabrel. Ça remue quand même. Léo Ferré, ça avait de la gueule.

Il n’y a aucun bruit en bas, dans l’escalier. Le petit n’a pas peur. Il n’est pas là. Les autres non plus. Parler d’autre chose, pas de solitude. Etre optimiste, aller de l’avant. Mes amis n’arrêtent pas de me le dire. Certains ne savent pas que je suis de gauche, alors l’optimisme, bon. Il faut que je pense à faire le linge. Ça n’est pas glorieux. Faire les courses. Penser à la chaudière. Car tout cela, je me dis que, parfois, c’est peut-être de ma faute.

J’aurais été capable de le dire à d’autres. Si elle est partie, Jeff, c’est que tu n’étais pas à la hauteur. Je ne sais pas où était la hauteur. Je n’ai rien compris. Il y a des choses incompréhensibles, des trous noirs, des naines blanches, des supernovas. Mais les étoiles nous laissent un espoir un jour : on comprendra.

Les chagrins d’amour, non. Aucune science pour en faire quoi que ce soit. Aucun voyage à prévoir, aucune photo, pas d’observation. Rien.

C’est peut-être à cause de moi.