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Confidences

lundi 24 août 2015, par Grosse Fatigue

Ce sont les femmes de mes amis. Ce sont de jolies femmes la quarantaine à la dérive vers la cinquantaine et ainsi de suite. Nous discutons parfois seul à seule. Elles sont nombreuses et je m’en réjouis. Sauf quand elles avouent. Car elles avouent volontiers, comme si l’on pouvait se permettre, comme si je n’étais qu’un célibataire. Elles me disent qu’il est devenu chiant et qu’il travaille trop, ou qu’il ne s’intéresse à rien, qu’il a pris du bide et n’avance plus, qu’il ne la voit plus ou pas assez bien. Elles me disent cela pour me réconforter. Si tu crois qu’on baise plus d’une fois par mois... Certaines tenteraient bien l’aventure mais le coût du billet aller est trop élevé, et la destination très incertaine. La plupart leur parlent en leur demandant de changer, de s’apercevoir de l’ampleur, de se reprendre. J’imagine que mes amis masculins pourraient me dire la même chose mais ça n’est pas le cas. La confidence est féminine. Les femmes s’en vont. La mienne est partie avec le roi des cons et tente de revenir parce qu’elle s’ennuie.

L’horizon est à la rentrée, et la rentrée est à l’horizon, avec son flot de papiers à remplir et d’activités pour les enfants. Je les entends crier dans la cuisine. Ils ont improvisé sur des recettes classiques de gâteaux au chocolat et se donnent la répartie à la manière des émissions de télévision. La semaine prochaine, tout rentrera dans l’ordre. L’école leur donnera le sens de l’ennui et pas le goût de la lecture, des technocrates nous diront à quel point il faut informatiser les esprits.

Mais personne pour nous parler des couples disparus qui s’annoncent encore. Le choix perpétuel du yaourt au conjoint me fatigue un peu. C’est peut-être parce que je viens de lire un article sur la disparition des lecteurs ou de leur vieillissement. C’est sans doute parce que bientôt, il n’y aura plus de lecteurs et plus de couples, et juste des souvenirs de couples. C’est fou comme l’époque est, finalement, au libéralisme. Changer pour un autre au nom de l’usure, puis de la fantaisie... Et trouver le produit idéal sur le site de rencontres ad hoc. Au secours.

Finalement, une certaine pensée de gauche rejoint avec bonheur le discours libéral sur la consommation. Consommons-nous les uns les autres. Les enfants s’adapteront.

Oui mais voilà : une amie me dit qu’on n’a plus le droit au sacrifice. Souviens-toi de tes parents GF me dit-elle, tu te souviens ? Ah oui, les parents des trente glorieuses, maman à la maison, papa au turbin, les engueulades et les mois de silence. Le choix était réduit. Alors, tu te souviens ?

Elle me dit : c’est à ton tour maintenant. Trouve quelqu’un de nouveau.