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Pas Sardou

samedi 18 juillet 2015, par Grosse Fatigue

C’était il y a plusieurs mois et j’y repense ce soir. Insomnie post-production américaine. Une amie m’a donné des films piratés. Frissons. Prison ? Rien du tout.

Les gamins ont vu La famille Bélier, pas de quoi en faire un plat. Sauf que le petit, du haut de ses six ans, s’est mis à chanter du Sardou. Devant moi tout fier. Chanter du Sardou !

Bon : à six ans, j’en entendais tous les jours du Sardou. J’ai oublié les paroles et je préfère Nicolas Peyrac ou des types tombés dans les oubliettes. Mais Sardou... La grande s’est mise au piano et a chanté du Sardou. Les accords à la main gauche, la mélodie doublée à la main droite : "Je vole".

Bon. J’étais un peu fier. Les quatre s’y sont mis. Et puis le petit m’a dit : "A ton époque, les chanteurs, c’était bien, ils avaient des mélodies. Je me demande pourquoi maintenant, ils font rien que de la crotte commerciale !" (je n’invente rien).

Je n’avais pas de réponse satisfaisante. Hier à la radio, j’ai entendu des beaufs interrogés aux Francofolies à propos de Johnny Halliday. Je les imaginais adipeux avec par-dessus des T-Shirts noirs ornés d’une tête de Husky. L’une d’entre-eux allait voir Johnny au bout du monde, genre Nevada ou Japon, pour l’entendre éructer la merde qui sort du milieu de ses rides. Putain dur. A six ans, j’en entendais tous les jours du Johnny. Vivement qu’il va mourir Johnny, j’ai envie de changer de siècle, voire de nationalité, vu ce que l’on fait à la musique en France... Pas plus tard que ce midi, une collègue anglaise me disait qu’elle avait appris la musique classique à l’école, que le solfège venait après, qu’on apprenait des accords, que c’était chouette de chanter.

Vive l’Angleterre putain !

Pour guérir mes enfants, on a fait du Youtube. Il faut bien que ça serve à ça. Et puis j’ai eu le cafard. On était tous les cinq dans la cuisine à écouter Maxime le Forestier ou des gens comme lui. Ils m’ont dit Brel, c’est quand même pas gai. Ou alors Ferré, c’est compliqué. Alors j’ai balancé Hendrix, Jeff Beck, tout ce que j’avais en besace.

Et ça m’a fait du bien. On a fini par Sting qui reprend Little Wing. Ça aurait pu durer toute la nuit mais y’avait école. Je les ai couchés. Et puis j’ai écouté la suite.

Mais pas Sardou, non, pas Sardou.

Enfin bon. Je suis allé dans chaque chambre, vérifier qu’ils dormaient bien.

Puis, mais ne pas l’ébruiter, mais ça reste entre nous, j’ai regardé Michèle de Gérard Lenormand. J’étais amoureux de Frédérique à l’époque, en CM2 et en Sixième. Je trouve toujours que c’est une jolie chanson. J’ai remis du Michel Fugain. Il était une heure du matin.

Et j’ai craqué. J’ai regardé Sardou. La maladie d’amour. J’ai honte. J’aimais bien.

A vrai dire, je ne sais pas si ce que l’on écoutait était bien ou pas. Je sais juste que la musique marque son temps. Je sais que l’on a eu la chance, my generation, d’avoir un choix infini. Des mélodies comme s’il en pleuvait, du Disco au Free-jazz, on avait tout.

J’ai fini sur Jeff Beck à nouveau. Comme un médicament.