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Que ça redevienne comme avant

jeudi 16 avril 2015, par Grosse Fatigue

Le jeudi soir, pour les pères en garde alternée, c’est le dernier soir. Alors la petite et le petit s’allongent sur mon lit, on raconte des histoires, on en lit, et puis on finit par la séance de questions.

Torrent de larmes.

La première source est apparue au creux des joues du petit. Il me dit qu’il faudrait que tout redevienne comme avant quand maman et papa étaient là dans ce lit c’était bien c’était normal et il pleure on n’y comprend rien. Alors sa grande sœur me regarde et ça coule tout pareil. Elle déteste sa mère mais elle voudrait paradoxale que sa mère ne soit plus détestable et revienne et que la famille et tout ça. Papa, faudrait que vous reveniez ensemble papa. Hein papa ? Et puis ce silence à trois voilà que l’on forme un fleuve de larmes imaginaire qui coule sur les oreillers et puis va se jeter au bas du lit pour former le fleuve imaginaire de toutes les larmes des enfants de divorcés putain c’est moche les jeudis soirs. Avec ou sans Bécaud.
Ah non. Ça, c’est Orly. Brel.

Ah mais mon pauvre monsieur, le divorce, c’est d’un banal, c’est d’un classique pensez-vous, on en a tout dit dans les années quatre-vingt, ça suffit bien comme ça ! Qu’est-ce que ça peut foutre que vous chialiez avec vos mômes comme ça ! L’heure est à l’optimisme ! A la psychanalyse ! Il vous faut une thérapie ! Une réparation ! Car personne n’a tort ! C’est comme ça le libéralisme ! Que les gens s’aiment, pour mieux se déchirer, c’est la liberté !

Je reste silencieux. Le sujet est suranné.

Papa, ça veut dire quoi ?

Comme dépassé, évident, presque obsolète. Ça veut dire que le divorce ne fait plus rire personne....

Ça faisait rire avant ?

Oui, les gens étaient contents de pouvoir divorcer. C’était la liberté libertaire contre la gangrène bourgeoise et catholique.

Et maintenant ?

Maintenant, c’est nous trois là, à pleurer sur le passé.