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Quand internet n’existera plus
lundi 26 janvier 2015, par
Il paraîtrait selon certains qu’internet, ce serait bientôt fini. J’entendais cela d’une oreille distraite à la radio ce matin même en me disant que, de toutes façons, beaucoup de choses allaient prendre fin dans la demi-heure et qu’il existe sans doute un site quelque part qui compte le nombre de morts par balles, les bénéfices de ceux qui vendent des gilets, ma gueule dans la glace et un certain nombre d’autres choses, dont mes deux gamins partant à l’école avec leur mère. Ce serait bientôt fini aussi.
J’ai décidé - pour faire libéral - d’utiliser le conditionnel. Il paraîtrait donc qu’internet va se disloquer, s’incruster, s’immiscer, qu’il y en aura jusque dans nos slips pour nous assurer de la qualité de nos érections en cas de besoin... Tout sera surveillé, noté, anticipé. Pour la qualité de mes érections, en ce moment, je n’ai pas besoin d’un thermomètre électronique. Ça doit faire un mois que je n’ai plus aucun dialogue avec ma bite (prononcez en anglais, ça fait moins vulgaire). Il y aurait à l’avenir de l’internet privé, même dans les frigos des Chinois, pour leur donner l’heure d’aller à l’usine pour en fabriquer d’autres. Ce sont les grands patrons américains qui nous prédisent l’avenir. Comme si ceux-là en savaient quelque chose. Mais c’est probable après tout, puisque c’est surtout à moi que les grands patrons américains s’adressent, moi, je, vous, ceux qui pensaient pouvoir crachoter entre eux sur un clavier, un écran, un réseau, voire, parfois, aller boire un verre, refaire le monde en rêvant de pélicans roses ou du retour des hippopotames, les gros animaux, pas les restaurants pour obèses. Oui, nous y avons cru à l’alternatif, à l’autre web, au collaboratif même si j’avoue que, dans mon cas, j’ai plutôt cru au personnel, au confidentiel, à l’indiscrétion et à l’anonymat.
Nous avons donc perdu ma bataille, internet n’existera plus, il sera tellement partout et tellement privé qu’il va faire gagner beaucoup d’argent à beaucoup de gens sauf à ceux qui y mettaient du cœur à l’ouvrage, pour le plaisir d’en discuter parfois sur le coup de minuit, avec une Québécoise décalée d’un point de vue pendulaire. Ou un Belge vivant au Brésil. Non, mes amis, il paraîtrait que nos besoins ne sont pas dans les échanges conviviaux : ÇA NE RAPPORTERAIT PAS ASSEZ ! Pourquoi croyez-vous que l’on ferme les cafés ? Regardez les gens sur les banquettes des trains et vous comprendrez : leurs écrans sont suffisants. Et les paysages inutiles.
Il fut un temps où je rêvais d’une semaine sans télévision, d’un 21 juin sans Jack Lang qui aurait duré une semaine. Internet fût une sorte de rêve aussi. Mais aujourd’hui, je n’en parle même plus à mes enfants, qui se contentent d’y trouver de bonnes affaires en matière de chaussures à leurs pieds. Et cela n’a rien d’encourageant.
Je préfèrerais prendre mon courage à deux mains, demain peut-être, saluer la compagnie, faire autre chose, apprendre à travailler le bois ou à vivre comme on doit vivre.