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Petite Poucette mais grosse conne

dimanche 9 novembre 2014, par Grosse Fatigue

Là où j’enseigne (J’enseigne ??), la pédagogie a laissé la place à la démagogie. C’est très simple et très efficace. Pour oublier, je me cramponne au fil rouge du job alimentaire, nourrissant mes illusions permanentes et aujourd’hui proches du pathétique d’une future carrière d’artiste dans tous les domaines où je sais n’avoir aucun talent enfin bref. Ceci ne compensant pas cela comme diraient les comptables mes amis. Je dis cela alors que je devrais finir la vaisselle, les machines ne sachant pas récurer les poêles, l’innovation a encore de l’avenir, et mon esprit le samedi matin, et les matins en général, n’est jamais très clair. Je saute du coq à l’âne et reviens en arrière, je pense à Eric Zemmour ce clown pathétique et au Prix Goncourt pour lequel il faudrait que je fasse un effort, non pas d’écriture, allons donc, mais de lecture. Il paraît que c’est un Arabe qui a gagné et ça n’est même pas une épreuve sportive, rendez-vous compte ! Pauvre Eric, tu vas sans doute contester ce prix. Entrisme de l’islamisme dans les lettres françaises ? Ah, je délire, il me faut un café, quelque chose. Je vais aller faire du vélo.

Surtout qu’en plus, Eric, c’est une femme qui a gagné. Tu te rends compte ? Une femme ! C’est fou quand même ça. Depuis quand les femmes n’obéissent-elles plus à cette programmation génétique à laquelle tu crois tant pauvre débile ?

Mais j’ai l’image de cette fille en tête depuis hier soir. Ce n’est pas l’image obsessionnelle qui me perturbe souvent car elles ont vingt ans et je continue à en apprécier les courbes et les regards, tout en mettant mon mouchoir dans ma poche et mes illusions avec. Non, c’est une jolie fille oui, bourgeoise et propre bien qu’un peu vulgaire comme on en produit aujourd’hui, avec cet absence de sens quant à l’avenir et au temps qui passe, c’est une sorte d’estomac qui n’avale rien et recrache en permanence. Je lui cherche des circonstances atténuantes. Michel Serres lui trouve beaucoup de mérites et y voit l’avenir : pensez-donc (c’est un ordre mon pauvre Michel), le vieux philosophe raté croit qu’elle possède toute l’intelligence de l’humanité aux bouts des doigts alors qu’elle sait à peine conjuguer le verbe avoir mais pas le verbe être, qu’elle rêve de luxe et de bain moussant, d’Ibiza en permanence dans le vide de sa tête de sale petite conne qui n’écoute pas mes élucubrations et préfère vérifier que ses identiques font la même chose qu’elles dans tous les cours magistraux du monde : s’ennuyer. Tapotant machinalement. Oh, comme elle s’ennuie ! Tout l’ennuie ! Et c’est bien normal car l’ennui est la destination obligée de ceux qui n’aiment pas faire de la pâte à modeler, des Legos™, ou du dessin et qui ont voulu, dès l’âge ou nous rêvions encore, avoir des choses superflues parce qu’elles considéraient que c’était important putain les connes je n’en peux plus. Les choses superflues pour qu’on la trouve belle, ou juste présente, là, désirable et corporelle, rien d’autre. La nouvelle vague des cadavres embaumés et numériques s’accompagne de prouesses technologiques et d’ennui. Il n’y a pas de conversation, ni d’étonnement, donc pas de question.

J’ai juste envie de balancer son téléphone par la fenêtre, et de lui coller mon poing dans la gueule. Ou juste une grosse baffe qui ferait du vent. Après tout, il serait temps d’assumer l’Amérique qui est en moi, celle que l’on m’a inculquée depuis Pépé Boyington ou les Mystères de l’ouest, celle de Tarantino. Mon poing dans sa gueule, voire de la dynamite dans la classe, foutre le feu, et partir à vélo vers une mer lointaine, au soleil couchant, sans connexion. Je me répète, je me répète, je me répète. C’est la saison des gris, des ocres. Le frais nous pénètre et les ombres dominent. Il va faire nuit tôt. Je ré-écoute Nick Drake en pensant à ceux que cela rend triste, et j’aimerais les rencontrer un peu avant de tout faire sauter, parfois, parfois, parfois seulement.

Un feu d’artifice dans l’amertume.