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Faudra pas venir vous plaindre

lundi 6 octobre 2014, par Grosse Fatigue

Je ne supporte plus les parents des autres. Des autres enfants. J’ai toujours détesté les parents d’élèves qui ne se mêlent que de ce qui ne les regarde pas. Les parents d’élèves ont toujours une idéologie à revendre, une idéologie sur ce qui est bien pour l’enfant. Ils ont comme une conception. Même si la plupart d’entre-eux ont complètement oublié l’enfant qu’ils étaient. Il y a cette bonne femme qui me parle tout le temps des réunions de parents d’élèves dont j’ignore l’agenda. Je lui ai dit qu’il ne faut pas se mêler des affaires des profs. J’en bave moi-même assez avec le fils du vétérinaire ou celui de l’avocat, les enfants ratés des bourgeois conservent les prétentions de leurs rangs, même en cas de plagiat en dernière année, ça vient vous mordre la main au nom d’un certain héritage, d’une conception du droit. Alors aller voir les profs de mes enfants moi-même ? Non merci.

Et puis l’autre soir, un père me raconte que l’important, c’est que les enfants se fassent plaisir. Putain de principe de plaisir.

PUTAIN DE PRINCIPE DE PLAISIR À LA CON.

Voilà ce que je lui dis.

Mon côté réac sans doute.

Mais les enfants n’ont pas besoin d’être élevés dans le principe de plaisir. Celui-ci est inhérent à l’enfance. J’ai joué au Mécano™ made in China aujourd’hui avec le petit. Pas de quoi en faire un plat. Le principe de plaisir, c’est quand on joue. Mais les gamins, quand il s’agit d’apprendre la musique, pour le plaisir, il faudra attendre.

Le père, je lui explique tout ça et je m’emballe parce que j’en ai marre marre marre. Et la suite classique débarque. Il faut être doué en musique qu’il me dit.

Ben non. On peut travailler la musique sans être bien doué. La preuve, ça fait trente ans que j’essaye et, parfois, parfois seulement, j’atteins un peu de plaisir. Avec les enfants, on peut être ambitieux, non seulement le cœur est grand, mais le cerveau est plein de vide, qu’on peut remplir pour pas un rond, justement à ce moment-là.

Le père me parle du principe de plaisir.

Putain de principe de plaisir.

Quand on apprend un truc chiant à un gamin, il n’y a pas de plaisir. Il faut juste l’apprendre. Partir du plaisir et seulement du plaisir pour élever les enfants, c’est en faire de gentils consommateurs au mieux, au pire de petits dictateurs, look around you.... Le mal est profond, il touche les prolos autant que les nantis, la classe moyenne, les paysans aussi ?

Grosse idéologie. J’imagine que, derrière tout ça, il y a le lobby du jouet ?

Pas plus tard qu’une heure avant, au match de basket du plus grand, je regardais un autre gamin jouant sur un Iphone™ à mille-deux cents francs. Son père lui avait acheté une bouteille de Coca-Cola™. J’ai tapé sur l’épaule du môme en lui disant que ce serait pas mal d’encourager le grand frère sur le terrain. Il a posé son jouet à mille deux cents balles cinq minutes, puis l’a repris. Ce môme-là, je le connais par cœur. Quatre-vingt dix pour cent de mes étudiants en licence ressemblent à ce crétin. Qu’il se fasse plaisir. Qu’il joue.

Entre parenthèses : (QU’IL NOUS FOUTE LA PAIX). Drôle de façon d’élever les enfants.

Faudra pas venir vous plaindre, les parents d’élèves à la con. Faudra pas venir vous plaindre. Laissez les jouer. Qu’ils prennent du plaisir et jamais rien d’autre. Donnez-leur des écrans et croisez les doigts en attendant. Les générations d’analphabètes sont surtout dues aux parents. En écoutant Hamon ou Chatel ce matin, après Eric Zemmour sur France-Inter (bizarre, il n’a pas défendu le Maréchal Pétain cette fois-ci), je sentais l’impuissance. Les ministres de l’éducation nous promettent une meilleure égalité des chances, quand il faudrait enfermer les parents. Il n’y a pas d’égalité des chances. Il y a le principe de plaisir. Une manière de démission, sereine, presque prophétique.

Retournons chez MacDo™.

Un abandon en sorte.