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Ma vie pour un Ipad™

samedi 24 décembre 2011, par Grosse Fatigue

J’ai toujours eu des complexes vis-à-vis des économistes. J’aurais voulu être économiste. Mais les mathématiques en ont décidé autrement. Je ne sais compter que jusqu’à douze, un nombre que j’aime bien, parce que c’est celui du blues et, dans un autre genre et assez souvent, de la salsa. Je m’éloigne déjà du sérieux solennel que l’on doit vouer aux économistes. Je précise tout de même au lecteur éventuel que 12 est le nombre de temps du blues. Arriver jusqu’à 12, c’est tout à fait suffisant, et c’est sans doute ce que je me suis dit en sixième, abandonnant à tout jamais ce que mon père prolo appelait les "maths modernes". Et puis douze, ça se divise en 2, en 3 et en 4, entre autres. Je trouve ça tout à fait formidable.

Les économistes ont bien besoin de compter plus loin. Beaucoup plus loin.

J’ai fait socio. Donc.

C’était un peu nul. J’avoue. La description qu’en donne Jean-Paul Dubois dans "Une vie française" est tout à fait juste. Globalement, on foutait pas grand-chose, et d’anciens maos nous distillaient la prose indigente des lendemains qui chantent. Et des ethnologues s’émerveillaient sur les rites d’initiation de tribus lointaines qu’ils auraient dénoncées à la police si, par hasard, on avait infligé les mêmes à leurs filles… Et d’autres pleuraient au Collège de France en écoutant les inepties de Bourdieu sur la libido politique de Durkheim. Un grand fourre-tout et des faux-culs pour faire monter la mayonnaise.
J’allais aussi aux cours d’économie. Ça n’était pas vraiment flamboyant. Car l’économiste aime les objets. Il les compte, il les savoure. Il vit pour eux. L’économie humaine est avant tout l’économie des objets. Un caillou, pour un économiste, c’est la vie pour peu que ce caillou ait un poids et qu’un quidam quelconque soit prêt à l’acheter pour le balancer à un autre. Le caillou, c’est tout ce qui compte. Le fétichisme du caillou est tel chez l’économiste qu’il en a fait plusieurs idéologies, mais chacune avoue la force du caillou. A part les morts du Club de Rome, tous les économistes aiment les objets. Que des hommes en fabriquent, c’est tout-à-fait superflu.

Il me semble, mais suis-je sourd ? Ou partiellement fou ? Il me semble donc que, depuis déjà souvent, on ne parle plus du tout du travail. Que des chômeurs aient le blues en ignorant ses douze temps, aucun économiste pour en parler. Car l’économiste veut avant tout que les objets nous parlent. Que des prothèses nous soutiennent et qu’elles aient un prix. Il leur faut encore plus de choses pour exister. En cela ils suivent la piste des riches et de l’accumulation. Les riches les payent en retour afin qu’ils trouvent des moyens d’accumuler encore plus. L’économiste critique est plutôt rare.

Mais les cailloux nombreux.

Il ne nous reste qu’eux.

Comptons-les.

1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12.

Aucun intérêt.