GROSSE FATIGUE cause toujours....

Accueil > Chroniques potagères > Sociologie de la pornographie mondiale, spéciale dédicace à Arnaud (...)

Sociologie de la pornographie mondiale, spéciale dédicace à Arnaud Montebourg

mardi 18 février 2014, par Grosse Fatigue

J’entends sur France-Inter Arnaud Montebourg plus que je ne l’écoute, le contraire étant impossible. Pauvre Arnaud Montebourg. Il nous dit que trois plus trois égalent six. Il est tellement fort. Il explique à une auditrice naïve qu’il faut effectivement interdire à la Chine de nous balancer ses jouets en plastique, alors qu’il faudrait qu’elle achète nos voitures. Quel homme. Il insiste même sur le sublime horizon du transfert de technologies : plus on en donnera aux Chinois, et plus l’on gagnera d’argent. C’est immense. On dirait du Mao, plus ou moins à l’endroit. Il est tellement original dans sa pensée, tellement nouveau, tellement presque de gauche.

Je prends mon marteau et je l’écrase sur ma radio Telefunken™ d’avant-guerre. Et une de moins.

Et je retourne sur le net pour regarder du porno™. Après tout, tout le monde le fait. J’essaye de préserver mon clavier d’un excès de sève matinale. Je pense m’en sortir plutôt bien. Je prends l’attitude du chercheur et passe en revue la pornographie par aire culturelle. Car la pornographie, mon cher Arnaud, mérite ton attention : c’est l’un de nos derniers lieux d’excellence. Laisse-moi te guider....

D’abord l’impérialisme. Le porno américain possède les traits évidents de sa sous-culture. Ayant couché avec des Américaines il y a longtemps, j’ai cru y reconnaître à la fois tous les rapports homme-femme made in USA, mais aussi une certaine conception du corps-machine, à mi-chemin entre Taylor et Jünger... Si le scénario américain est immuable, donc inexistant, s’il se contente du triptyque classique présentation du produit, fellation, baise, fellation baveuse, voire sodomie entre les deux, il nous montre ce qu’est une société primitive, c’est-à-dire une société sans érotisme. On en vient presque à regretter ce vieux con de Konrad Lorenz qui y aurait vu, à coup sûr, une forme éthologique de parade nuptiale à la californienne. Tout y est exagéré, plastique, vulgaire. Le sexe est un sport dans lequel il faut montrer ses attributs, à la manière du brame des cervidés chez les écervelés. Mes ex Américaines me reprochaient ce corps par trop "européen" : You should spend some time at the gym... Depuis, elles ont sombré dans l’obésité et ce n’est pas cette photo de moi en noir et blanc, pure nostalgie, fait rarissime en ces lieux, qui pourrait leur remonter vraiment le moral. Pour la salle de gym, il faut du temps...

Zappons.

J’arrive au Japon. Pour la rime. Ah, j’adore le Japon, ses appareils-photo, les films de Miyazaki, sa cuisine. Il faudrait que je songe à aller y jeter un œil avant que le pays ne finisse par être interdit : sanctuaire nucléaire.
Les Japonais ont des midinettes que l’on pelote dans le métro. On y sent quand même autre chose que chez les Américains dégénérés (SIC), une sorte de jeu, et même si les filles sont un peu trop soumises, ça reste bon enfant. Et puis surtout, il y a les tentacules, alors là, j’avoue, ça dépasse mon Goldorak™ et j’adore. En plus, c’est flouté, comme Canal+ à mes débuts pornographiques, quand on attrapait des torticolis genre Rolland-Garos en tournant la tête de gauche à droite le plus vite possible. Je n’ai jamais rien retrouvé de tel : le porno, c’est mieux crypté. Et puis, il y a ce côté stoïque dans le coït à la nippone, d’une grande qualité. J’ai même vu une présentatrice de la météo mal finir à l’antenne, exhibant son érotisme charnel (euh SIC ?) tout en continuant à voir les nuages s’amonceler. Les Japonais ne sont pas des fourmis disciplinées (SIC !) Edith : ils sont fous !
(Do you remember Edith Cresson ?)

Ah, mon pauvre Arnaud, dans quoi t’ai-je embarqué ? Mais oui, Arnaud, que fais-tu là à me lire encore, pense à tes rendez-vous, tes voyages, ton immense tâche ! Pourquoi es-tu encore là ? Que viens-tu donc voir ? Que suis-je en train d’essayer de te dire ?
C’est pourtant simple. Que font les Français quand tu délocalises leurs investissements en Chine ? Ils regardent du porno, l’industrie de l’avenir ! Faire la pute, allons donc ! Que faire d’autre ? L’aire du chômage pour toujours a commencé hier.

Tiens, je tombe sur des Ukrainiennes : le supermarché, l’horreur. Sade, c’est du yaourt à la fraise à côté. La "musique" techno, ça se trémousse, et ça tue ses vingt ans à coup de pilons comme qui dirait un Stalingrad de la jeunesse. Un Stalincrade si je peux me permettre. Le porno prolo, la quantité, le low-cost, tu sais, comme le modèle qui te fait si peur Arnaud.... Nous y viendrons ! J’essaye de fermer la fenêtre c’est si tellement dégueulasse mais d’autres s’ouvrent, on m’a calibré, profilé, des filles habitant à-côté de chez moi m’appellent ! Les commandes-claviers ne fonctionnent plus !

Il faut tout éteindre.

Et reprendre sereinement.

J’écris maintenant avec un crayon et un papier, le temps que l’ordinateur se rallume. Les Américains savent déjà que je suis un pervers. Je suis sur leur liste. J’assume.

Arnaud, j’en profite pour te parler du porno-amateur français. L’un des plus simples et des plus laids, des plus désespérants : imagine un décor que tu n’as jamais vu, même pas en rêve ! Un "clic-clac" Conforama™, tu sais, ces canapés pour étudiants de l’université française fauchés (SIC) et une pauvre fille mal fringuée dessus, à laquelle on pose des questions idiotes, du genre "T’aimes le sexe ?" En arrière-plan, un meuble en pin, une télé gigantesque sur un socle normalisé, le tout pas déclaré au FISC. Et des types affreux mais si définitivement heureux : même aussi moches que Houellebecq, ils baisent ! Arnaud : la crise ouvre des perspectives, et, si je peux me permettre, des débouchés. Le glauque made in France, c’est torride. Voilà le monde d’aujourd’hui. Les prolos libérés des chaînes font ce qu’ils peuvent. Et puis, un bon camescope, ça ne coûte plus rien, c’est un produit en fin de vie : nous sommes nombreux, et si prévisibles....

Oh, ne t’inquiète pas, il y a aussi le porno-chic français, un luxe, où des filles à la blondeur prévisible se font triple-pénétrer par des smicards à l’origine, dans des intérieurs bourgeois loués bas-prix à Bratislava. Une ou deux Peugeot™ pour les ramener à la maison et l’on s’y croirait. La Française montre qu’elle désire quelque chose, elle le mime, elle le pantomime, elle le crie en anglais bien que j’ai coupé le son dès le début. Mais je n’ai pas bien compris ce qu’elle désire. Et toi mon bon Arnaud, qu’as-tu compris ?

Sais-tu que les discours politiques me font souvent penser aux dialogues des films pornographiques ? A leur profondeur ? Non ? Concentre-toi Arnaud, je n’ai pas fini mon tour du monde. Et je te préviens : c’est pas Jules Vernes, on est pressé, c’est bientôt la fin, ça ne te prendra pas trop de temps !

J’avale une aspirine, 500 milligrammes. Il me semble que le porno est un vaccin efficace contre mon priapisme éternel. Un remède de cheval, pour ainsi dire. Des millions de pornocrates dans tous les pays du monde : la voilà la mondialisation heureuse, ni tabou ni barrière. La manif pour tous l’a dans le cul !

Reste le porno italien. Je l’avoue : j’aime l’Italie, toute l’Italie, pas seulement la langue, la cuisine, l’arrogance distante des commerçants romains, les Italiennes et les ruines. Le porno vintage italien est tout-à-fait appréciable : il est entrecoupé de scènes sérieuses et incompréhensibles dont je me délecte dans leur sous-titrage en russe ou en ouzbek, et les femmes lascives sont coupables, et les hommes sont si laids qu’on dirait des bites avec un décor autour : ils se font oublier. Les femmes peinent à jouir, les italiennes ne jouent pas la comédie, personne ne semble leur avoir dit qu’être moderne, c’est faire semblant.

L’avenir du monde passerait donc à mon goût par une alliance italo-nippone. Mais ne crains rien Arnaud, je ne compte pas y ajouter l’Allemagne, car tu sais que cela serait de mauvaise augure : le porno allemand est empreint d’une culpabilité éternelle, même les actrices sont laides, l’ensemble fait penser à une immense charcuterie humaine, le tout boudiné dans l’attirail, et la variante majoritaire et sado-masochiste n’est pas là pour attirer le chaland. Les Allemands sont coupables à jamais et s’en prennent les uns aux autres à coups de fouet, j’en viens à admirer les crues du Rhin et moins les reins du cru, les fesses trop grasses, la banalité du mâle teuton, les têtons de ces frauleins un peu trop massives, genre camion Benz™ à la fête de la bière de Munich, en 1973. J’en profite pour te faire remarquer une chose fascinante : l’Allemagne, ce modèle économique, me renvoie à jamais une image disons "cinématographique" des plus ringardes, où des petits gros dansent sur des valses au milieu des tréteaux avec des chapeaux bavarois en tripotant des dodues. Il faudrait quand même y faire un voyage d’études, et leur proposer nos intermittents : c’est une idée.

Ne crains rien Arnaud. Le porno, quand il n’y aura plus rien, tu y viendras aussi. Ne te sens pas coupable, on est peu de chose. Je n’ai pas mis les liens, tu te débrouilleras tout seul : tout est ouvert, pas de frontières, rappelle-toi ! A ta demande, je continuerais cette étude si tu le veux, il suffira de m’envoyer un "email" via le formulaire administratif en trois exemplaires que tu trouveras je ne sais plus où sur ce site. Je suis certain qu’il te reste quelque budget pour un "rapport" dans le domaine, non ?

Payement en liquide ?