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Chatte rasée et tatouée : 149 Euros

vendredi 17 janvier 2014, par Grosse Fatigue

Les petits lui ont fait des bisous avant de la mettre dans la cage. Il faut stériliser la chatte. Ils ne comprennent pas bien. On leur a dit qu’elle ne se ferait pas écraser, qu’elle perdrait son instinct, qu’elle ne mangerait plus les oiseaux. Qu’elle deviendrait comme les américaines, qu’elle regarderait la télévision en mangeant des chips, qu’elle deviendrait obèse.

Qu’on en ferait un vrai jouet.

En tant que petit-fils de paysans, j’ai eu honte un peu. Mais ce fut pire en quittant la charmante et si jeune vétérinaire après avoir pressé "enter" sur sa machine à bouffer des cartes bleues. Car cette dernière m’a bien précisé, en me donnant mon paquet-cadeau de croquettes "spéciales chattes stérilisées" que l’alimentation industrielle avait fait de tels progrès qu’il ne fallait lui donner plus que cela. Car cela permettait d’éviter les calculs biliaires des chattes ainsi que l’obésité qui nous guettait tous. Je répliquais par mon étonnement. Je donne des croquettes à mes enfants, des tas de choses packagées industrielles et bonnes pour la santé, mais les chats, dans mon esprit, et sachant que je n’en ai pas eu depuis plus de quinze ans, eh bien, les chats, ça bouffe les restes, les souris, des trucs vivants quoi ?

J’insistais donc auprès de cette jeune femme, lui parlant marketing et bouffe industrielle, les frères Mars™, leurs machines à sous, leurs barres chocolatées, le pet-food qui pourrait bien être ce que l’on en entend, les usines où l’on broie les carcasses des animaux afin de tirer des profits des miettes comme on fait de la litière avec les copeaux : il n’y a pas de petits bénéfices. Elle avait lu Freedom de Franzen, et savait que, si les petits oiseaux disparaissaient, c’était à cause des chats. Donc : à cause de nous. Je n’ai pas voulu qu’on lui coupe aussi les griffes. Sa stérilisation m’a suffisamment fait mal à la bite. Et je pèse mes mots.

Le tout m’a coûté 149 Euros en chiffres. C’est le prix pour un tatouage et une stérilisation. C’est le prix du confort pour les jouets vivants. Oui, bon, ça va, je ne vais pas non plus pleurnicher sur les gueuleries des bestioles en chaleur et les matous qui pissent partout : je me suffis déjà à moi-même dans la sexualité, c’est déjà dur à gérer d’être comme ça, si en plus il faut gérer la chatte, où va-ton ?

La vétérinaire m’a promis que la chatte vivrait vingt ans au lieu de dix en bouffant cette merde packagée. Je sais bien que les bagnoles de l’avenue lui donneront tort. Et puis quand je vois ce qu’est devenue Sharon Stone que je confonds si souvent avec Mick Jagger, à quoi bon augmenter l’espérance de vie des chattes, même rasées et légalement tatouées, si c’est pour perdre l’ivresse ?