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L’adultère, un jeu d’enfants

mercredi 27 novembre 2013, par Grosse Fatigue

Quand il m’en parle les yeux brillants le cœur hésitant entre la grande illusion qui l’envahit et ses enfants qu’il va laisser dériver, je pense à mes parents qui n’en pouvaient plus de se supporter, dans le sens français le plus strict, celui que l’on confond avec l’anglais à cause des matchs de football.

Mon père et ma mère m’ont fait par hasard comme sans doute mes cinq frères et sœurs ou du moins les deux derniers, allez savoir à l’époque, ça n’était pas gênant d’avoir plein d’enfants puisqu’il y avait plein emploi on n’imaginait pas le pire il restait les chaînes de montage de nos voitures toutes carrées.

Papa regardait les matchs de football à la télé.

J’attendais Apostrophe™.

Il me parle de cette fille qui le rend dingue, il est à la fois heureux et déprimé.

Déprimant à mon goût.

En haut de mon écran à droite, un message de Ventes Privées m’indique que je serais plus heureux si j’avais de nouvelles chaussettes.

Il est là on déjeune il me parle de ses deux gamins et je ne sais pas quoi dire. J’ai toujours trouvé que son épouse était aussi enthousiasmante que son papier peint ou son canapé. Elle s’était habituée au schéma ancestral de la joie en deux dimensions de leurs photos de mariage faites au flash™ et au téléobjectif, dans la tradition du mauvais goût inévitable des photos de mariage. Et après ?

Après la routine Vladimir. La routine !

Ma mère n’a pas quitté mon père et lui n’a pas quitté son potager ou ses cannes à pêche. Et moi je les regardais de colères en colères à supporter le quotidien avant de finir bouffés de l’intérieur.

Et mon père regardait les matchs de foot. Parfois des films mais il s’endormait. Autrefois, les parents étaient trop fatigués pour faire des rencontres. Et trop vieux aussi.

La radio passe en boucle des témoignages de crétins délaissés dans des banlieues inconnues où l’on nous précise qu’ils vont voter Front National parce qu’on leur ment depuis si longtemps.

Les enfants sont à l’école le mercredi matin.

Je reçois par email une demande de Natacha, une fille qui vient de déménager dans mon département et cherche à faire des rencontres sans lendemain. J’en parle à ma bite qui se cache dans sa coquille en attendant le printemps et fait "non" de la tête.

Il me parle de la nouvelle nana qui vient d’atterrir dans sa vie, genre parachutiste du D-Day que l’on n’attendait plus, plus jeune, plus ferme, plus prometteuse en sorte.

Plus prometteuse donc. Plus prometteuse aussi. La nouvelle femme de sa vie, celle qui provoque l’amour, l’amoureuse, est avant tout plus prometteuse. Se méfier des promesses...

Je ne sais pas ce que sont les promesses de cette nouvelle aube avec cette nouvelle femme mais j’ai l’impression d’avoir lu le scénario de cette série B du quotidien déjà une bonne cinquantaine de fois. Comme si une nouvelle architecture osseuse, des muscles et une jolie surface de peau pouvaient redonner espoir quant à la mort qui viendra, alors qu’elle nous prévient de ride en ride et d’abandons en compromis. Faut-il juste changer de canapé ? La Redoute™ me fait une proposition en direct : je n’ai besoin de rien. Changer de femme, c’est juste pour sortir de l’ennui.

Il fallait sans doute y penser avant.

Elle-même ? Elle a beaucoup souffert du départ du père de ses deux enfants à elle. Ce qui étrangement ne l’empêche pas d’entraîner dans son sillage un autre, et ainsi de suite. Les dominos d’aujourd’hui sont adultes.

La radio nous parle de ces crétins délaissés par les hommes politiques dont ils attendaient tout et surtout un emploi. Ils n’ont ni emploi ni famille ni rien et en veulent aux immigrés d’être comme eux, la famille en plus croient-ils.

J’éteins la radio.

Il me demande conseil.

Je n’ai rien à dire. Je finis mon dessert. Combien de temps tiendra-t-on encore ?