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Ton MOOC me les broute !
mercredi 6 novembre 2013, par
Il y eut les Luddites, les Canuts, les sidérurgistes de Lorraine et d’ailleurs, les couturières, les ouvriers à la chaîne, les dessinateurs, bref, tout le monde va y passer. Et puis il y a
NOUS, LES PROFS.
C’est bien la première fois que j’ai l’impression d’appartenir à cette étrange profession des enseignants, j’aimerais enseigner la musique ce serait plus vrai, mais j’enseigne ce que je peux c’est déjà cela. Et je sais que nous allons y passer. A cause des MOOC, un nouveau truc absurde décidé par je ne sais qui. Le MOOC, cet acronyme anglo-saxon pensé pour la Chine (véridique), est la dernière grande ânerie avec la fin du livre et, par exemple, l’apologie d’Etienne Daho en matière musicale.
J’ai l’impression d’appartenir à ce groupe disparate car il va disparaître et parce que nous avons enfin un ennemi commun, le même que celui des autres, cet imbécile formé dans les écoles de commerce qui servent à former des imbéciles (François Hollande a fait HEC, causalité), le financier.
Oui, le financier vient de comprendre que les profs sont un rouage un peu lourd, lent, peu efficient, qu’il faut payer. Alors que le MOOC, une fois mis en ligne par quelques geeks (voyez comme je suis au courant) plus ou moins analphabètes à copier/coller du code écrit par des Pakistanais pour pas un rond, ah, le MOOC, ça a de la gueule, et ça rapporte ! Les plus grandes universités s’y sont mises, enfin bon, les universités qui ont de l’argent, les universités payantes, les américaines donc, celles qui ne forment que ceux qui n’ont pas vraiment besoin d’être formés et trouvent ainsi une vitrine de bon aloi pour pas cher. Ce qui leur permettra de sucer par en-haut les quelques ceux que l’on n’aurait pas repérés dans ces pathétiques entretiens de sélection que leurs élèves préparent depuis l’enfance...
Mais moi, je sais bien. J’en ai regardé des DVDs de formation à la batterie. Des trucs américains, des trucs tout-à-fait fabuleux. Mais David Garibaldi ne m’a jamais dit quels étaient mes défauts. Contrairement à Pépé, mon grand maître, qui lui, n’a pas arrêté de me dire que je tenais mal mes baguettes, que mon tempo était élastique, et qu’il fallait se tenir droit, et écouter Chick Corea. Par exemple. Le prof, c’est celui qui corrige les erreurs de l’élève. Le prof, le vrai, est un artisan. Il progresse à l’expérience et vous tient la main, vous soulève un peu, vous soutient au pire, vous encourage. Le prof n’a pas besoin d’un ordinateur, il doit juste vous écouter dire des bêtises ou même en faire et puis vous aider à progresser de votre mieux, lentement.
Tout cela, c’est une perte de temps et d’argent. On remplace les batteurs par des boîtes à rythme et Jacques Brel par Etienne Daho. Et encore ! Je suis sûr qu’Etienne Daho est un type sympa, il aurait juste dû être boulanger. Ça n’est pas très grave. Il peut peut-être encore se former en ligne...