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Léa, c’est dur.

mardi 27 août 2013, par Grosse Fatigue

En couverture du magazine télévisuel des bobos catholiques de gauche, il y a Léa, actrice française blonde platine en contre-jour un sein dans la main et le regard oblique. Je ne sais pas ce qu’elle me veut là, sur la table de la cuisine, mais je pars aux toilettes pour lire l’article qui conte sa vie.
J’avoue tout de suite qu’elle aurait pu sortir son sein gauche de sa chemise blanche si diaphane dans la lumière du studio, et jouer la provocation à la manière des années soixante-dix, tant le ton racoleur de l’image en dit trop ou pas assez. Pour une actrice que l’on voit nue dans tous ses films, un sein de plus ou de moins.... Ou bien faut-il payer plus pour le voir s’animer ?

Mais là n’est pas vraiment mon propos. J’ai même du mal à le bavasser encore tant l’idéologie dominante m’écrase, tant j’ai envie de fuir dans le jardin, de sauter par-dessus le grillage et de quitter mes parents pour toujours, partir en chantant le Sud de Nino Ferrer, par exemple. C’est bien sûr oublier que j’ai quarante-sept ans, un boulot chiant et un avenir peu palpitant maintenant que j’ai du poil dans les oreilles.

Mais là n’est donc pas mon propos.

Léa est la nouvelle actrice. Tous les deux ou trois ans, il y a la nouvelle actrice que l’on nous vante comme le nouvel Iphone™. Celle-ci est toujours la rencontre, la fusion, le mélange d’actrices passées, et celle-là n’y échappe pas, mi-Bardot, mi-Kate Moss, mi-Binoche... Une femme et demi à elle toute seule et trois pages dans le magazine des cul-culs bénis.

Mais là n’est pas mon propos, je m’égare. Difficile de se concentrer fin août quand l’été fût pourri et qu’il n’a guère de chance de se rattraper en un septembre caniculaire car il faut s’y faire : les jours raccourcissent et nous en rappellent d’autres à venir, ce qui n’a rien de bien gai.

Léa a sans doute du talent. La preuve : elle n’a pas fait d’études. Elle est naturellement douée. C’est ce que nous vante la publicité dans le journal télévisuel. Léa est la fille de monsieur Pathé et la nièce de monsieur Gaumont, ce qui est pratique dans le cinéma. Mais comme le dit Maxime, on choisit pas ses parents... Elle est aussi protestante, ou d’origine, ce qui lui permettrait d’avoir une plus grande capacité de travail.... Du Max Weber de supermarché. Elle s’est faite à la force du poignet. Elle est presque orpheline.... Tout un tas de conneries.

Léa est une fille à papa, actrice. C’est maintenant un modèle. Elles jouent ou chantent. Léa a du talent. Lou ferait mieux de ne pas chanter, mais bon. Léa joue bien. J’ai toujours l’impression que faire semblant, c’est finalement assez facile. Si Léa était premier violon, j’aurais moins de doutes. Mais passons.

Léa a du talent. Mais là n’est pas mon propos.

Léa est partout pendant quinze jours, le temps de la promotion.

Et pour la promouvoir, il faut que ce talent ne soit pas facilité par la famille, par l’injustice, par l’héritage : il faut qu’il soit vrai, protestant, travailleur.

Léa, le vrai talent dans ton cas, ce serait la discrétion.

Il faut que j’aille faire des courses. Les toilettes sont vides et je me sens seul. J’ai oublié de faire le plein de papier. Non pour écrire, vous en conviendrez : le monde virtuel est écologique. Mais pour la chose, vous savez bien.

Léa, je suis désolé pour la couverture, ton visage érotique, ton sein dans ta main. Ce genre de magazine aura au moins eu une utilité, bien qu’inconfortable, j’en conviens.