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Froome dans l’Izoard

lundi 22 juillet 2013, par Grosse Fatigue

Hier en regardant les cyclistes du Tour de France entrer dans Paris sur mon ordinateur, j’ai vu un type seul avec une pancarte dérisoire collée sur la poitrine. Il a vite été ceinturé par un flic. Contrairement aux femmes voilées, il ne gênait pas la circulation à Trappes, il me semble juste avoir vu une profession de foi sur mon ordinateur contre la triche ou l’EPO.
Ce type c’était moi. J’ai réussi mon coup et je lui dis bravo. Même ceinturé par un flic, il n’y eut aucun commentaire des deux communicants commentant la ritournelle. Ces deux-là, dans cinq ans, quand Froome tombera non pas de son vélo, mais de son piédestal, comme d’autres avant lui, se gausseront du public et de sa naïveté. Ces deux-là sont payés par la télévision publique pour nous mentir. Ils ne sont pas les seuls. Ce matin, à 8h00 précise en ce début de canicule, France-Inter nous parle de Buckingham. Rien à foutre.

J’ai repensé à tout cela tout à l’heure en regardant cet étrange couple de gens du voyage et leurs filles blondes et apeurées à ma vue, dans mon moule-bite ridicule et sur mon vélo tout-terrain. J’ai vu ces deux parents dont le père me salua d’un hochement de tête comme par habitude, tout en jetant dans l’herbe le cellophane qui entourait sa baguette de supermarché. Il faudra y retourner plus tard et mettre leurs déchets dans la poubelle. Ceux-là savent bien qu’on leur ment et se moquent du développement durable. Les poubelles : ils y vivent. C’est pour cela qu’ils regardent tout comme nous les rivières qui coulent. Elles les émeuvent.

J’ai repensé à tout cela et à Froome et aux tricheurs. Et j’ai repensé aussi à ce type dans l’Izoard. Je montais le col de mon mieux mais fatigué par la semaine de vélo, je montais en baragouinant de l’Italien non pas à une italienne mais à un italien qui me collait au train avant que l’on ne s’aperçoive de notre destin commun : le sommet. Nous parlions de vélo et d’Italie, et puis un type est apparu dans la pente. Un type sur un vélo tous terrains, ce qui n’est pas simple sur la route, mais un homme avec juste une jambe droite. Un unijambiste montait gaillardement l’Izoard. Nous en fîmes, l’Italien et moi, un sacré exemple, qui paracheva notre discours échevelé sur notre vision commune du monde, un mélange de Nicole Croizille qui chante qu’il était beau comme un Italien quand il sait qu’il aura de l’amour et du vin, la montagne, et le vélo. Il y avait dans cet homme à la jambe unique bien plus que dans tous les Froome et leurs tuniques publicitaires. Il y avait juste le plaisir simple de gravir l’Izoard, et d’impressionner les plus banals, ceux qui, comme nous, ont leurs deux jambes, et se croient forts, même à l’eau.

Cher monsieur, encore bravo,

Et merci.