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Aux Etats-Unis, le débat fait rage

mardi 21 mai 2013, par Grosse Fatigue

Le débat fait rage aux Etats-Unis, mais aussi au Royaume-Uni, en Australie, au Canada anglophone : faut-il faire cours dans la langue de Molière à l’université for Christ sake ?

L’étonnement de la communauté francophone est immense : les anglophones viennent de comprendre que la Civilisation, avec un grand C et un "A" comme l’amour à la française, ne pouvait plus se passer du français, cette langue décourageante et élitiste, avec ses règles incompréhensibles et ses exceptions culturelles. Oui, c’est ainsi que les civilisations se font, c’est aussi ainsi qu’elles meurent : une langue en envahit une autre, et prend le dessus, à moins qu’elles ne se mélangent, french kiss pour donner naissance à autre chose, ici le créole, là, le Globish de la globalisation.

Que les anglophones se mettent au français afin d’attirer des millions d’étudiants du tiers-monde dans leurs universités, c’est déconcertant. Car l’anglais est une jolie langue. Certes, c’est une langue qui n’a pas la rigueur de l’allemand, le velours du portugais ou les seins des Italiennes, mais c’est une petite langue facile, que même les prolos des banlieues de Manchester arrivent à maîtriser tant elle est plutôt simple. A part les verbes irréguliers, il n’y a pas grand-chose à en faire. Et puis, son vocabulaire fait sa richesse ! Pensez-donc ! Deux fois plus de mots qu’en français ! On peut piocher dans son lexique les origines germaniques ou françaises, et exprimer une gamme de sentiments très variés, qui vont, dans le cinéma américain, de "fuck" à .... euh ?

Oui, la globalisation est ainsi faite que c’est le Français qui s’en sort aujourd’hui. Son bordel, son absence de discipline, sa façon de gruger dans les files d’attente, son romantisme, son vin, sa manière d’aimer les femmes ou celles que les femmes ont d’aimer les hommes, cette convivialité presque italienne sans les tifosi, voilà donc la force d’un pays dont l’idéologie universelle renverse enfin le pragmatisme anglo-saxon ! Car ce pragmatisme était d’un barbant, vous l’avouerez : les Américains, par exemple, quand ils voient un Noir, qu’ils soient noirs eux-mêmes ou pas, ne voient qu’un Noir. Alors que nous-autres, oui, nous autres, y voyons un homme et rien de plus, sauf quand c’est Miles Davis mais c’est assez rare.

J’entends déjà les Québécois se frotter les mains : ils vont pouvoir former à tours de bras les collègues du continent nord-américain à notre langue, afin d’établir la métamorphose universelle. On peut bien sous-traiter. Même si le québécois est une langue à la prononciation étrange, au tutoiement viscéral, au sens parfois anglo-quelque chose, peu importe. Le combat est gagné. Même les Chinois réclament des cours de français pour être autre chose que des consommateurs de symboles comme YSL ou DG, LV ou je ne sais quoi. Comme on les comprend ! Le monde arabe dans sa presque totalité vient d’abandonner la peur et les superstitions pour lire Houellebecq, l’Inde se convertit en masse à Marguerite Duras, le monde change.

Bien sûr, ce n’est qu’un rêve. J’enseigne moi-même en anglais à des étudiants étrangers qui s’en foutent, surtout les Anglais d’ailleurs (SIC), puisqu’ils pourraient trouver un autre abnoxious myself in their own country. Les étudiants étrangers viennent négocier leurs notes de partiels, comme si l’on était l’un de ces pays du tiers-monde visité autrefois par Gilbert Bécaud où tout s’achète et tout ce vent...... Non mais oh ! Pas de ça chez nous, hein ! Mes étudiants français ont le niveau grammatical de la plupart des électeurs jeunes du Front National, ils sont mal éduqués et ont subi la méthode globale.

Pour l’anglais à l’université française, pas d’inquiétude : il y a longtemps que l’on s’est abandonné, de toutes manières.