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L’homme providentiel

vendredi 15 avril 2016, par Grosse Fatigue

C’est fou comme on est bête. Des journalistes sont allés interroger des électeurs obèses du Front National dans le Nord, là où l’on parle bizarrement. Tout était comme un fait exprès, la dame ouvre sa porte, elle vote FN, et envoie tout balader, vous pensez bien. Elle leur dit que l’on donne de l’argent pour les migrants, pour les loger, alors qu’elle, avec son alcoolisme, sa bedaine, son tabagisme, son mari mort (j’imagine), et sa fille enceinte à douze ans, on lui donne rien. Et qu’elle se débrouillera toute seule, et qu’elle en a rien à foutre, que sa vie, c’est juste de la merde, et qu’elle va pas se gêner, pour voter pour Marine Le Pen, juste pour faire chier, parce que faut rien attendre de personne.

Les journalistes en concluent que les électeurs du FN, y’a rien à faire....

Non, rien à faire.

J’ai trouvé ça très adéquat. Allez dans une zone minière où qu’y a plus une mine d’ouverte depuis longtemps, cherchez du lumpenproletariat, posez-lui des questions sur Mozart, Bach et Glenn Gould, et vous n’obtiendrez rien. Alors que si vous parlez à la caste des mégacassoces de politique, ça embraye au quart de tour, comme un Peugeot 103 de la belle époque ou une Motobécane™ à moteur chromé...

Le journalisme politique, sur le terrain, c’est parfois fascinant.

Une chose est sûre : j’imagine que la donzelle obèse, elle n’a pas passé son temps à regarder notre président hier soir à la télévision. François Hollande, ça fait longtemps qu’elle sait bien qu’il ne sert à rien, coincé entre ses certitudes de la gauche de droite, des lois européennes, et des lobbies qui lui paieront une retraite discrète à l’île Maurice ou au Maroc, voire les deux, parce que les pharmaciens ont le bras long, les semenciers aussi...

La donzelle, elle a compris : l’homme providentiel, c’est des conneries.

J’ai tenté d’expliquer tout cela à un collègue atteint de macronite aigüe, cette affectation libérale qui donne de l’espoir à des gens zézés, en faveur des gens délaissés, de ceux qui croient qu’en ouvrant les vannes, le courant va repartir... C’est fou comme on a de l’imagination. Il suffit qu’un type joue le "ni gauche ni droite" - combien de fois nous a-t-on fait le coup ? - pour que des tas de gens qui vont bien s’enthousiasment devant tant d’ardeur. Puis il suffit de regarder de l’autre côté de l’Atlantique pour voir que les problèmes des pauvres ne sont pas résolus par ces gens-là, parce que les problèmes des pauvres sont résolus autrement : il faut attendre qu’ils meurent. Et si jamais ils ont fait plein d’enfants entretemps, qu’on leur donne des allocations familiales ou pas, eh bien, ça n’arrangera rien à l’affaire.

Vaudrait mieux ne plus subventionner les pauvres pour faire des enfants, mais j’ai aussi dit ça à un collègue immigré qui m’a traité de tous les noms, avant qu’un économiste ne lui dise que, dans l’absolu, c’était pas faux. J’ai précisé qu’on devrait limiter les allocations familiales à deux enfants, ça permettrait à tout le monde de mieux s’en occuper, et il y aurait moins de morts quand une centrale atomique française finirait par sauter. (Le décompte a commencé, c’est certain). J’ai ensuite rajouté que j’avais faim, ce qui mit tout le monde d’accord.

Ah la France...

Mais ce n’est pas Macron qui dira ça. Macron, il y croit. C’est son job de nous vendre de l’espoir. Il faudrait décroître, tirer la chasse et fermer la porte, se faire modeste. Mais non. On va donc attendre la prochaine catastrophe, pour prendre quelques décisions. A ce moment-là, notre François sera aux Bahamas ou à l’île de Ré, à siroter un lait-fraise avec Jospin, à se raconter des blagues d’anciens de l’ENA, et à se demander qui sera le prochain homme providentiel. Macron sera devenu la bête noire qui présente bien, et rien n’aura d’importance.

La belle affaire.

Au nord, y’avait les Corons.