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Mon fils n’aime pas les pédés

jeudi 18 avril 2013, par Grosse Fatigue

La mère du gamin nous a appelés. C’est que le nôtre l’a traité de sale pédé. Merde. On devrait éteindre la radio quand on mange. La petite me dit : "Mais c’est pas juste d’avoir deux papas ou deux mamans quand on est adopté, hein papa ?"
Finis ton assiette, parle pas la bouche pleine !

Que dire ?

J’ai des enfants de droite, merde alors !

Il faut que je convoque le plus grand. Il est entouré de footballeurs, ça s’appelle le collège unique, ça n’aide pas à sortir du parti-pris, c’est la mixité, c’est comme ça. Le plus grand ne comprend pas. Un homosexuel et fier de l’être en cinquième, c’est normal de se moquer de lui, voire de lui taper dessus. Et puis, papa, tout le monde le déteste. Il nous dit que, de toutes façons, on comprend pas ce que c’est que d’être homosexuel, il nous prend de haut, alors on lui en colle une, et c’est plus simple.
J’écoute.
Et ça résout quoi de lui taper dessus ?
C’est juste qu’il nous énerve à dire qu’il est homosexuel. C’est pas normal.

Hum. Je ne sais pas si l’on peut être déjà homosexuel en cinquième. J’ai rencontré mon premier homosexuel en quatrième. Les punks lui tapaient dessus, il aimait que l’on s’occupe de lui, il était un peu sado-maso, il était fascinant. Eric, où es-tu vivant maintenant ?
Et en cinquième ? Les choses ont-elles tant changé ?

Bon, soit. Imaginons que c’est possible.

Je dis à mon fils :

"T’aimerais qu’on te traite de bougnoule ? Tu sais ce que ça veut dire ? Hein ? C’est une insulte raciale. Comme t’as la peau plus bronzée que tes copains, il peut bien y en avoir un (de copain ?) qui te dira qu’il aime pas les gens plus foncés que lui. Tu vois ce que je veux dire ?
- Je vois pas le rapport.
- Le rapport est simple : un homo, il est naturellement homo, comme toi t’es naturellement bronzé. On ne peut pas reprocher aux gens leur nature profonde. De même que ta personnalité se forme au gré du temps, et qu’elle est différente de celle de tes frères et sœurs, de même la personnalité des homosexuels s’est formée pour leurs préférences en matière de genre. Il ne s’agit même pas d’éducation ou de déterminisme. C’est leur nature, et c’est comme ça. On ne reproche pas ça aux gens. On peut leur reprocher des comportements, des actes, des idées. Mais on ne peut pas leur reprocher leur nature.
- Mais papa, t’es contre la théorie du genre alors ?
- Evidemment. On ne choisit pas sa nature profonde. Ça vient comme ça. La preuve : il y a de l’homosexualité chez les animaux. C’est donc un comportement possible, c’est une variable statistique. Dire que l’éducation fait les personnalités - entre autres sexuelles - c’est une connerie. Etre homosexuel, c’est aznavourien.
- T’en es resté à la chanson d’Aznavour, mais papa, on ne naît pas homme, on le devient !
- Arrête de me citer Simone de Beauvoir à l’envers. Ces penseurs-là n’y comprennent rien. Ils ont besoin de certitudes quand la science doit obéir au doute. La plupart des hommes préfèrent les femmes et vice-versa. Mais s’il existe des hommes qui préfèrent les hommes, ça ne veut pas dire que c’est "culturel" puisque ça existe, par exemple, chez les poissons.... Et ne me dis pas que c’est l’exception qui confirme la règle. Ici, on n’est pas dans la grammaire. Si le monde animal nous montre des comportements homosexuels qui se maintiennent avec le temps - qui ne sont donc pas éliminés par la sélection naturelle - alors ça veut dire que la nature tolère ce genre de comportements. Et tant que ça se fait entre adultes consentants, on s’en fout.
- Oui mais on est encore des enfants !
- Mais ton copain ne vous force à rien, il vous dit juste qu’il est comme ça, sans doute pour qu’on le considère, pour qu’on s’intéresse à lui, parce qu’il le vit mal ?

Sur ce, la petite intervient :
- Oui mais pourquoi les petits enfants on les force à avoir deux papas ? C’est injuste quand même !
- Mange tes pâtes. Tu vas finir à l’UMP avec des remarques comme ça !
- N’empêche papa, t’as pas de réponse, hein, t’as pas de réponse !"