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Une promesse française : statistiques ethniques.

lundi 29 avril 2013, par Grosse Fatigue

Je ne sais pas qui m’a fait la promesse française. Je crois qu’elle s’est accumulée au point de ne plus rien voir d’autre, et, surtout, de ne pas voir la réalité. Une promesse n’est pas réelle, elle flotte en permanence, on y croit, elle vous dévore.

Je crois à la promesse française. C’est une promesse du dix-huitième siècle, revue au vingtième, puis morte et enterrée par des intellectuels français (?) pour cause de colonialisme et autres saloperies. Je crois à l’universalité du droit, à l’égalité, aux frontons des mairies. Je sais que d’autres Français n’y croient pas et que la qualité initiale des Français, comme on parle de la qualité d’un bois par exemple, est surtout de s’en foutre. Mais moi, je suis allé à l’école et certains ont voulu m’imprégner de la promesse française. A l’université française, ce grand dépotoir à chômeurs en général, on nous a déconstruit la promesse française, on nous a déconstruit les promesses, on nous a déconstruit l’université et son universel, on a tout déconstruit : nous avions froid. La promesse était du vent, et nous étions critiques. C’était l’époque de "Touche pas à mon pote", ce qui voulait dire "Touche pas à la culture de mon pote", ce qui voulait dire "Touche pas à la culture d’origine de mon pote" et surtout : "Touche pas à la culture", parce que la culture est dans tout et tout est culture. Nous avions froid et nous étions perdus puisque tout était culture, du couscous à la techno, chaque expression nouvelle ou ancienne était respectable sauf l’expression qui doutait de celle-là, et sauf - pire - celle qui réclamait le droit à la culture française, non pas l’universelle et l’égalitaire, mais la française d’ici, si vous voyez ce que je veux dire. Oh oui, je m’y perds et je m’égare mais je sais que l’on a jeté le bébé avec l’eau du bain. L’universalisme français, c’était le droit des individus à désobéir à leurs parents. C’est du moins comme cela que je l’ai compris, ça m’arrangeait. Désobéir aux racines, aux héritages, aux religions, à l’esprit de clan, de classe. Faire autre chose avec des volontaires, des individus. Ne pas voir chez les autres les membres d’une communauté, à moins qu’elle ne soit volontaire et discutable. J’avais froid et j’étais seul.

Au milieu des ruines de la déconstruction, j’ai vu des étudiantes, des amies, défendre en fac de sociologie le droit des femmes à être excisées au nom du droit à devenir des femmes. Parce que, dans leurs satanées cultures machistes, on ne devenait femme qu’en étant excisées. J’avais froid dans ces putains de ruines fumantes et j’étais vraiment seul à imaginer que l’on pouvait encore dire autre chose, dire la promesse française qui n’était pas relativiste, même d’une manière discrète : il y a des cultures où l’on coupe les membres et les appendices pour des raisons qui n’en sont pas. Il faut lutter. La culture à toutes les sauces rendait la sauce très fade, au milieu des ruines seul dans le froid, à essayer de faire bouillir deux idées dans la soupe.

Les amis de l’antiracisme d’autrefois sont aujourd’hui bien déçus. Ils croyaient aussi à la promesse française de l’émancipation. Ils croyaient comme moi à l’égalité, ils croyaient que ce que n’avait pas pu faire le colonialisme pour les raisons que l’on sait, en fourvoyant l’idée de l’universel, l’intégration le ferait. Aujourd’hui, il ne faut pas compter sur eux pour défendre les femmes voilées dans nos anciennes banlieues. La détestation est la nouvelle matière obligatoire et ceux-là se taisent. Gauche intellectuelle (?) et extrême-droite se sont tenus par la main pour proposer de la mixophobie une nouvelle vitrine. Le mélange est pour les uns et les autres la négation des cultures, et ces saloperies initiales ont pour les uns et les autres des vertus indépassables. Sans culture, nous ne serions rien. La parole descend, il faut écouter les parents et ceux qui ont peur. Il faut respecter les traditions, l’obscurantisme et l’obscurité.

Nous avions froid, nous étions seuls, et voilà le résultat. Fin de la promesse française.

La promesse américaine en a pris la place, comme les écureuils et les écrevisses. Pour des raisons d’adaptabilité et de simplicité. La promesse américaine est pragmatique : un Noir est avant tout Noir (Rayer la mention inutile, cochez le formulaire de la minorité, changez le mot "Noir" par n’importe quoi). Respectez les minorités, toutes les minorités : vous trouverez la vôtre. N’est-elle pas respectable ? Basque ? Vos écoles seront financées par les Basques espagnols. La promesse française n’aime guère les fascismes régionaux, mais les caisses sont vides. Corse ? Identique ? Local ? De souche ? D’ici ? Quelle secte ? Quelle religion ? A quand les formulaires ethniques ? Soyez pragmatiques : la vérité se voit du bout du nez. Il nous faut des statistiques ethniques pour combattre le mal, pour mieux le doser, l’envisager sous l’optique probabiliste. Le contrer ? Mais non : le mal est statistique, le mal est ethnique. Les gens sont contre, ne sont-ils pas ? Oui, les français d’origine étrangère ont encore l’impression, pour la plupart, d’être avant tout français. C’est que la promesse française les a effleurés un jour eux aussi. Mais l’Amérique a des moyens, des budgets, des fiches à remplir.

Je continue de croire à la promesse française. Il n’est pas nécessaire d’être Américain.