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Le petit mot d’amour

dimanche 14 avril 2013, par Grosse Fatigue

Elle a sept ans. Elle me fait rire. Elle invente des poèmes. Elle écrit sur mon ordinateur. J’en oublie presque le naufrage de la grammaire, de l’orthographe, et du ministère qui s’en charge. Il lui est arrivé une aventure. Je veux dire, comme un truc de grands. Elle en parle à mots couverts. A sa sœur, à sa mère. Moi, je n’y ai pas droit directement. Sans doute à cause de la trahison.
Voilà l’histoire : un petit garçon (J’imagine), a glissé dans la poche de sa veste un mot plié en milles morceaux pour cacher les mots écrits. C’est un sacré courageux. A son âge, je n’ai jamais osé. Il a écrit un petit mot d’amour à ma fille, et la voilà si heureuse qu’elle a dormi avec, le relisant sans cesse, bien qu’ignorant le nom de l’auteur. Et pourtant, c’est la reine des coups de pieds dans les tibias des gârs. C’est qu’elle ne se laisse pas faire. C’est qu’elle a une réputation.
Voilà donc son premier mot d’amour. Un amour si timide, si malicieux, plein d’audace et peut-être à jamais anonyme. J’admire et j’envie. Tant l’un que l’autre. Si seulement on n’avait jamais quitté ce moment-là, ce moment précis où quelqu’un nous aime sans savoir pourquoi. Il l’a trouvée gentille. Et il aime beaucoup sa nouvelle coupe de cheveux. Et voilà rien. Rien d’autre que ça. Comme une bulle de savon que l’on suivrait à la fin d’un film italien enjoué d’une autrefois, sans un flingue sans un méchant, juste une histoire d’amour pour prouver que ça existe encore ici et maintenant, minuscule filament allumé pour encore longtemps.

Y penser souvent.