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Sélection naturelle : la solitude du dernier poil pubien indique vraisemblablement une erreur d’appréciation théorique

mardi 29 janvier 2013, par Grosse Fatigue

En voilà des chiffres ! 90 % des jeunes Anglaises s’épilent partiellement ou totalement le pubis. Cette touffe qui nous étouffe a vu disparaître, à ce qu’ils disent, les derniers morpions outre-Manche, et ne doutons pas que les survivantes à la mode pornographico-esthético-hygiénique investiront rapidement dans les actions du duopole Wilkinson™/Gillette™ en attendant qu’un acteur Low-cost indien vienne confirmer la théorie de la baisse tendancielle du taux de profit. Ah, Marx, ah, Ricardo, ah. Je m’imagine à me raser avec des lames indiennes.

Ah, la disparition des morpions ! C’est comme imaginer la disparition des poux dans une société globale de chauves : à mon goût, je serais enfin semblable.

A ce qu’ils disent, la plupart des jeunes filles - je pense bien sûr à mes étudiantes bimbos, et je pense que, dès demain, je les regarderai autrement - se rasent partiellement ou totalement cet atavisme homo-sapiens, en imaginant peut-être, comme le grand Lamarck en son temps, que leurs filles auront perdu de tels attributs... Si l’idéerevient à la mode elle aussi avec l’épigénétique, l’épilation n’aura rien de génétique. ( A moins qu’un généticien américain ne dépose le brevet du sans-gène du poil). Il y a si longtemps que l’on coupe des prépuces qu’il en pousse encore, et que la lutte est longue. Les Américains ont d’ailleurs cru, à ce propos, que la légalisation obligatoire de la circoncision ferait d’eux un peuple plus propre, avant d’abandonner de telles ambitions. Sur le sexe, chacun croit n’importe quoi : c’est si central, n’est-ce pas ?

Il paraît que les hommes s’épilent aussi, n’en déplaise à mon père viril années 30 et mort depuis si longtemps, ça vaut mieux papa, tu n’imagines pas le monde.... L’honneur est donc à la peau elle-même, et j’avoue que j’envie un peu le type encore adolescent qui voit pour la première fois en trois dimensions se trémousser sous son œil torve les lèvres verticales et étranges d’une fille achalandée au firmament hormonal qu’il ignore encore.
Parce que moi, monsieur, les premières mygales m’ont vraiment fichu une trouille terrifiante à l’aube des mes érections pointilleuses, tant et si bien que Carnac et ses menhirs se fit rapidement perspective de pierres tombales. Il fallut que je m’habitue et, années quatre-vingts obligent, mes torticolis chroniques à force de suivre le porno de Canal + codé en bougeant frénétiquement la tête de gauche à droite n’arrangeaient pas les choses. Quelle époque !

Restent des questions : pourquoi maintenant ? Quelle légère dérive morale a-t-elle permis à tant d’entre elles d’y aller franco et de trancher dans le vif du sujet ? Et pourquoi pas avant ? L’érotisme pouvait-il donc à se point se suffire de l’artifice, du décor, des sapins de Noëlle, des cheveux dans la soupe ? Je m’interroge.

Ma seule certitude, au-delà de la perspective darwinienne qui verra l’espèce, polymorphique, continuer à cultiver sa crinière à slip pour les siècles à venir - à moins qu’un fou ne décide que seules les femmes imberbes ne puissent donner la vie à d’autres afin d’éliminer à jamais le gène, la gêne du poil - ma seule certitude donc, c’est l’avenir et les maisons de retraite. Un nouveau secteur naîtra, engendrant sans doute de nombreux emplois et de jolis outils chez Husqvarna™ ou Bosch™ : mesdames, dans l’odeur de pipi si caractéristique de nos oublis Alzheimer, dans les regards flous de la retraite et de la maison qui accueille, tôt ou tard, les corps fanés, il faudra d’arrache-pied tondre les monticules résistants, ce chiendent des jeunesses sûres d’elles et sans conséquences.

Car comme le disait Guy : après, ça pousse plus dru.