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(New) Delhi et monsieur Arnaud

dimanche 2 décembre 2012, par Grosse Fatigue

Mon pauvre Arnaud. Tu as beau faire des moulinets, les truites sont mortes. Arnaud, Arnaud. Que n’as-tu pas compris ? Souviens-toi de Raymond Barre. Il avait sauvé la Lorraine comme d’autres revenaient de Munich : retarder le point fatidique, la coda, la mort. Retarder, voilà, c’est tout. A quoi bon sauver les prolos italiens de Lorraine ? A quoi bon ? Pourquoi ne pas laisser tout ça aux Indiens ? C’est leur tour de manège, laissons-leur le chiffon rouge et la suie. Crois-tu vraiment que l’acier nous mène quelque part ? Et si oui, où ? Va-t-on encore produire des millions de bagnoles avec des millions de moteurs ? Ou des containers inoxydables ? Pour y mettre qui ou quoi ? Faire des tables de jardin ?

Non.

Il faut innover. IN-NO-VER.

Te rends-tu compte ? Te rends-tu ?

Les Anglo-Saxons, tu les fais bien rire avec ta défense de l’acier français. Tu n’as rien compris. Innover, tu comprends ? Il faut inventer de nouvelles choses à produire. Un suppositoire GPS pour les pensionnaires des maisons de retraite. Tu comprends ça ? Bien sûr que c’est utile. Si ça ne l’est pas, ça le deviendra, on fera tout pour ça.
Inventons les besoins de demain. Quitte à en finir une bonne fois pour toutes. Mais toi, là, à réparer ta 4L, où veux-tu en venir ? Rafistoler, c’est bien beau, mais c’est rafiot, à la fin, naufrage ! Tu comprends ou toujours pas ? Inventons ce monde nouveau, ce monde meilleur !

Des drones contrôlés par Iphone™ avec caméra thermique et flinguage à distance. Mais si ça peut servir. De drôles de drônes, des moustiques faits de nos mains d’humains, pour compter dans la balance commerciale de nos ventes d’armes, des moustiques tueurs en nanoparticules. Pas beau ça ? Des lunettes pour journaliste vedette en écaille d’espèce disparue : l’espérance. Ça t’embauche un coin, non ? Des millions de chômeurs pour les lunettes de ton ex. Et même pas d’innovation. Juste un peu bigleuse la greluche, et voilà not’PIB qu’explose pourvu qu’on en vende au Qatar ! Alors ton jus de boudin de Lorrains, même plaqué or, l’acier, tu parles !

Plaqué, contreplaqué : tu peux t’estimer. (Plus ou moins heureux).

Oui, de nouveaux produits, "NEW" voilà, volatiles, futiles, numériques, jetables. Pense au jetable Arnaud, tu sais bien : jetable.

Défendre les hauts-fourneaux, la vallée de la Fensch, ma chérie, c’est le Colorado en plus petit : Bernard Lavilliers. Voilà ce qu’il faudrait faire des lorrains : des musiciens. Bien entendu, tu n’es pas obligé d’aimer Bernard, si tu le réduis à ses gros bras. Mais c’est toujours mieux que Johnny, non ? Bernard, le laminoir, il connaît : y’a du Ferré dedans. Il a fui la chaîne et le laminoir.
Y penser.

Je m’éloigne. C’est pas tout ça, mais que faire comme disait l’autre, que faire ?

Peut-on imaginer du tourisme sidérurgique ? Un Puy du Fou™ pour l’exotisme ? Une autre guerre peut-être, au même endroit dans les mêmes trous pour pouvoir, qui sait, tout reconstruire ? Un aéroport gigantesque à la place des usines rouillées ? Tu en aurais du soutien...

Non, je n’aimerais pas être à ta place si jamais le strapontin était libre, ton strapontin ministériel car j’avoue que je quitterai le cinéma avant la fin du film.

Trop de figurants, pas assez d’acteurs.