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Les filles à papa : une civilisation
lundi 3 décembre 2012, par
Je sors d’un concert d’Izïa. J’étais dans le fond, avec les vieux, du moins avec ceux qui veulent conserver un peu d’ouïe pour les Chiffres et les Lettres j’imagine.
J’en ai marre des filles à papa.
Je suis parti au milieu du concert chercher des boules Quies™, enfin, leur équivalent à 30 Euros quand on est vraiment musicien, batteur s’il vous plaît, histoire de ne pas se déchirer les tympans à force de cogner. J’en ai donné à ma femme pour qu’elle comprenne un peu mieux les paroles en anglais de la fille de, qui nous parle de son père, avec l’assurance des filles de riches de gauche. J’espère que Barbelivien n’a pas eu d’enfants.
La gamine nous dit que son père est formidable, mais qu’il faut pas compter sur elle pour faire une tournée avec son père, dans le genre : je ne lui dois rien.
Tu parles mon cul.
En même temps, je suis ravi qu’elle ne tourne pas avec son père. Le type qui brosse le public dans le sens du poil, très peu pour moi. Y’a déjà un frère, ça va bien comme ça. D’ailleurs, la fille a repris l’exubérance assez navrante du père, son monde de bisounours un peu soumis (le public), qu’elle harangue avec son rock inaudible et merdique (faudrait changer de guitaristes, entre autres, et puis le batteur, m’enfin ?)... Dans le genre : "Vous allez biennnnnnnn ? "
On devrait répondre qu’on est tous des homosexuels pacsés et chômeurs, et que ça pourrait aller mieux. Mais la phrase est longue et la voilà qui, déjà, essaye de nous convaincre qu’elle joue aussi de la guitare, puis du piano...
Il paraît même qu’elle fait l’actrice. Y’en a qui font pas la queue dans les castings, non ?
Le phénomène est vaste : c’est la France contemporaine. Les fils et les filles "de" ne se cachent plus, et nous font croire qu’ils ont travaillé pour avoir du talent. Ils nous font à la fois croire au travail et au talent. De quoi bien rigoler. A l’heure des réseaux et du piston universel, de quoi rigoler. On peut bien entendu prendre mon amertume pour la frustration bienséante d’un provincial sans qualité : soit. (TEU)
Je n’ai effectivement pas la capacité de supporter plus d’un concert d’Isia, plus d’un album de Thomas Dutronc, plus d’un titre de Charlotte Gainsbourg... Le name dropping dans un tel cas est un sport national. Entre les stars précuites des concours de variétés télévisuelles qui ne durent qu’une saison, et les filles et fils de, que reste-t-il ?
Beaucoup de gens, mais ailleurs, toujours ailleurs, dans les bas-fonds. On ne va pas donner à ceux-là les grands médias, les grands titres, la première page. Je me demande toujours pourquoi on ne présenterait pas un artiste prometteur les soirs de grande audience sur France 2.
Il est vrai que le journal est souvent présenté par une fille à papa.
Décidément.