Pour ou contre l’adoption par des parents partouzeurs ?

Dans ma petite ville de province, des manifestants. D’un côté, la horde des gauchistes et des étudiants en troisième première année de sociologie. De l’autre, de vieux bourgeois en T-shirts. Je connais bien les uns et les autres. Je reconnais une ancienne baby-sitter chez les activistes du mariage, et un prof agrégé chez les défenseurs de la vraie famille. Je le salue en souriant. Quel bonheur d’être détaché de tout et de ne rien croire.... (Me dis-je en passant).

Les anarchistes me font une peine folle : les voilà militants du mariage. Ferré est mort, heureusement. Ah oui, c’est pour le mariage homosexuel. Les voilà donc défenseur d’un mariage communautaire. Bon, pourquoi pas. Les gamins m’ont demandé de nous marier. On s’en fout un peu : avoir des enfants, c’est bien pire que le mariage. (Je vous aurai prévenus).

Les deux camps se font face et échangent quelques dialogues. C’est drôle. Un étudiant en droit tout droit et un autre de fac de lettres tout tordu. L’un dit T’as jamais bossé, tu viens me faire la leçon pendant qu’un type avec un porte-voix annonce une partouze générale dans l’après-midi.

Voilà : peut-on autoriser l’adoption. Et par des partouzards en plus ?

C’est que j’ai un ami partouzard. Tout ce qu’il y a de mieux. C’est d’ailleurs mon dernier ami, du moins le seul qui vienne me voir tous les mois à l’improviste, pour nous narrer entre deux biberons ses aventures humides. Je n’en salive plus guère. Moi, je voudrais juste qu’une jolie femme rêve de moi tous les matins, mais ça n’est pas gagné. Aucun projet de loi dans ce sens. Nous sommes pourtant nombreux à avoir quarante-six ans.

Les manifestants anti-adoption par les couples pas comme eux font un petit sketch, assez ridicule, avec un travesti (???) en moule-bite - Lance Armstrong reconverti - symbolisant si je comprends bien la faiblesse des enfants. Où est son vélo ?

Hum. Je ne comprends pas bien ce qu’un homme travesti peut avoir à dire sur l’interdiction du mariage homosexuel. D’autant plus qu’il fait le lien entre deux camps séparés : les mamans et les papas. Barbapapa... La mise en scène est typiquement de droite, et l’on comprend mieux le succès de Mireille Matthieu chez ceux-là : ils sont incapables de rêver.

En face, les arguments ne tiennent pas plus la route. Il paraît qu’avant le Christianisme, les partouzeurs, les partouzards, les barbouzes et d’autres encore, du même genre, élevaient des enfants adoptés. Les parents du même sexe, c’est l’époque romaine. Je me vois mal y retourner, il y a longtemps que j’aurais fini dans la fosse au lion. De là à rêver du petit Jésus, il y a un pas que je ne franchirai pas.

Pendant ce temps-là, des enfants de partouzards, de repris de justice, de militaires, de Témoins de Jéhovah, d’intégristes de tous les genres, des enfants de multi-divorcés, de mères malaimantes et de pères autoritaires, ou le contraire, GLOBALEMENT LES ENFANTS DE TOUT LE MONDE, des millions d’enfants seuls dans leurs têtes ou dans la rue, des milliards de mômes avec un grand vide devant eux. Des gens pleins de certitudes viendront y combler les rares espoirs, mais de là à parler d’amour.....