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La part du ghetto

Les identiques

dimanche 6 novembre 2011, par Grosse Fatigue

Difficile d’imaginer en 1984 à l’époque du touche pas à mon, que les quartiers allaient changer de sens. On habitait alors dans un quartier, aujourd’hui, on parle des gens des quartiers. Des cités. On ne parle plus guère de HLM, même si les acronymes sont légion. Le quartier, c’est la zone. La zone, ça craint. Et même si l’on habite tous forcément dans un quartier, ça n’en est pas forcément un. Il y a le nord et l’est à cause du vent et des fumées d’usines fermées. Et puis l’ouest et le sud. En France, c’est ça.

Et ça m’emmerde.

Tout ces identiques, ça m’emmerde.

Le conformisme idéologique et le culte des racines, voilà l’horreur. Qui pourra vanter l’horreur religieuse, même minime ?

J’ai vu des bonnes soeurs dans un village l’autre jour, à vélo. C’est moi qui était à vélo. Quelle peine. Quelle horreur. L’affibulation symbolique et pour toujours. Etait-ce l’ivresse du peloton ou ma simple perversité claudiquante ? Je me voyais dans le slip en coton blanc d’une bonne soeur la quarantaine. Prisonnier petit homme dans cette masse caoutchouteuse n’ayant jamais connu aucun chaos, à la manière d’un golf sans trou au milieu d’un désert sans désir. Identiques et remplaçables, uniformes et soumises à leur propre vide - que personne ne me parle de spiritualité chez les croyants, pitié ! - elles avançaient béates vers la fin du monde.

Et puis au gymnase les gamins jouent au basket. Il y a cette mère voilée comme un catamaran mais sans les deux dernières syllabes. Et le petit gamin avec son petit calot sur la tête, histoire de dire : regardez-nous, on est musulman !

J’ai un T-Shirt sur lequel est noté, depuis toujours : "Qu’est-ce qu’on en a à foutre ? ".

L’avenir est à l’identique. L’extrême-droite s’en nourrit. Que les pareils se regroupent et que l’on s’entretue. Pas d’individu, des dieux et des maîtres, le dos courbé, des racines inventées quand il nous faudrait des pieds pour s’enfuir.

Difficile d’imaginer ça en 84. On imaginait le pire, et c’était autre chose. Alors on peut rêver au mieux. Peut-être que les voilés de tous types engendreront des anarchistes et des drôles, des individus hilares et des auteurs de bandes dessinées. Tout est possible. Enfin j’espère, c’est mon côté croyant.