Etre heureux me rend souvent coupable. Je regarde mon potager envahi par les coquelicots, j’observe le débordement anarchiste des potirons dans leur enclos de crottin de cheval. J’écoute pousser les tomates. Je renifle les petits pois. Bien sûr, il y a les mauvaises herbes. Il faut lutter à la main, pied à pied…. (SIC). Mais être heureux me donne l’impression d’être de droite. On ne peut pas être heureux quand on sait. A moins d’être de droite. Ce qui signifierait qu’il vaut mieux ne rien savoir, (...)
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Les grandes illusions
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Deux sacs de chips, un sac de patates, cinq Euros trente-sept.
4 juillet 2012, par Grosse Fatigue -
Je suis un bobo islamophobe (entre autres)
12 juin 2012, par Grosse FatigueEn 1984, alors qu’Orwell mon maître avait tort, je criais à tue-tête place de la Concorde. Je ne croyais en rien aux mots d’ordre de l’époque qui voyait dans l’autre une culture à protéger. Je ne crois qu’aux individus. Fazil Say par exemple. Respecter l’autre parce qu’il est porteur d’une culture qui le dépasse, ça n’a rien de respectable. J’aime les fous, les à-côtés sans rémunération, je préfère la marge et les brouillons.
Les religions : je déteste. Profondément.
Aucun respect pour les hommes en robes (...) -
Deux amis
21 mai 2012, par Grosse FatigueL’autre matin.
Ils sont cinquante en TD. Je sais que tout le monde se moque bien des apports de Crozier à la théorie des organisations. Je me parle tout haut, histoire de réfléchir. Et je décompose image par image le début de la semaine, de la journée, du reste de ma vie comme disent les Américains dans les livres de Baudrillard. J’oscille entre Baudrillard et Crozier. Je divague. Des filles très jolies au premier rang exhibent leurs caractères sexuels primaires et secondaires à la manière de (...) -
Compost et femmes nues
19 avril 2012, par Grosse FatigueEn retournant le compost dans les gros bacs du fond du jardin, je regarde les vers de terre en plein festin. Ça grouille gluant mais ferme, le lombric en forme, une armée entière à bouffer mes sachets de thé, à renouveler la décomposition, à préparer les futures racines des pieds de tomates. Je vérifier de temps à autre leur présence, les lombrics ont cet avantage sur les insectes : on en trouve encore. Et puis j’aime l’odeur et la transformation. De la pourriture au produit fini, il n’y a qu’un pas, (...)
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120 km de pissenlits
16 avril 2012, par Grosse FatigueJ’ai fait 120 kilomètres en vélo pour oublier Sarkozy et la France morte. Oublier la médiocrité du débat et me laisser aller provincial à contempler les arbres noueux dans les champs de colza déjà jaunes, du colza pour quoi faire, je me le demande bien.
120 kilomètres à regarder les pissenlits, les pâquerettes. Dix kilomètres à 46 kilomètres/heure derrière une benne à purin pour me reposer. De la paille et du purin mouchetés sur les lunettes. Le tracteur file à vive allure, il faut épandre, dans le cochon (...) -
Surtout pas d’amalgame
23 mars 2012, par Grosse FatigueSurtout pas d’amalgame. C’est ce que je dis à ma dentiste dès qu’elle retire ses doigts de ma bouche. Pas d’amalgame. Il faut savoir, mais je l’ai déjà dit, que les dentistes français font du racisme de classe. Ils croient bon que nous autres, les enfants de prolos élevés aux sucreries, portent à jamais les stigmates de ce manque d’éducation avec, au fond de la bouche, des plombages noirs pour nous montrer à la vindicte des belle dentitions. J’insiste pour qu’elle me colle de jolies céramiques, bien que, (...)
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Je connais le coupable
20 mars 2012, par Grosse FatigueJe connais le coupable.
Elle marchait face à nous le long du distributeur du Crédit Agricole. Et puis elle a vu le petit, ses cheveux noirs, ses yeux noirs, sa peau café au lait. Elle m’a sans doute vu aussi, les yeux bleus, la peau claire, des restes de blondeur très tardive, parce que les blonds par chez nous le sont plutôt enfants, ce qui reste un mystère bien intrigant, car le contraire n’existe pas. Seules quelques illuminées continuent à croire qu’elles sont blondes alors qu’elles sont brunes (...) -
Delphine en juin
27 février 2012, par Grosse FatigueJe me souviens souvent de Delphine en juin. Un juin où l’herbe est haute et le temps orageux, le juin des films où l’été menace. Le temps chaud et humide mais le bonheur de s’allonger parce que l’herbe sèche vite.
Je veux dire : je me souviens de Delphine en juin, même si aujourd’hui, par exemple, c’est encore février.
Delphine.
J’allais chez elle en mobylette parce que son village était loin. C’était beau comme du foin. Ma mobylette™ tombait tout le temps en panne c’était le temps du made in France, et (...) -
Orwell Facebook™
22 février 2012, par Grosse FatigueIls sont connectés. En permanence. Ne s’en cachent pas. Pas de honte. Pas de quant à soi. Pas d’intimité. Une pornographie corporelle en pente douce. Ils se surveillent eux-mêmes. Décrivent leurs besoins en ligne. Avant d’aller les satisfaire dans les toilettes collectives à Bac + 3. Le wifi leur ouvre le monde et me cloue le bec. Je suis un homme mort. Bras ballants. Ils ont autour de vingt ans. Ils sont déjà très vieux et n’ont pas vraiment faim. Je suis le professeur sans désir. Je voudrais juste (...)
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La petite a six ans. Le nouveau candidat.
15 février 2012, par Grosse FatigueLa petite a six ans. Les six ans vont passer. Les intérêts d’aujourd’hui aussi. La pâte à modeler a disparu. Il est déjà temps de faire des expériences improbables avec des feuilles et des pierres, et puis quoi encore ? Il reste les poupées, les dînettes, les aventures de la petite en maîtresse d’école un peu autoritaire. Puis la sixième un jour. Ses copines sont pareilles. Des petits centres d’intérêts très sérieux, avec beaucoup (trop) de chevaux dans des champs. Dans douze ans, elle pourra voter. En (...)