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Burkini : beurk qui nie.
samedi 20 août 2016, par
Je n’aurais jamais cru, adolescent idéaliste, qu’un jour prochain, les idéalistes que j’imaginais idéalistes, soutiendraient les bonnes sœurs de l’autre bord, non pas tant de la Méditerranée, mais de l’autre bord du spectre : les femmes d’extrême-droite, l’extrême-droite religieuse, celle qui veut, non seulement ma mort, mais la mort de tout ce que l’on aime, à part peut-être, celle des fleurs ou de quelques cactus. Sur les femmes voilées ou en "burkini", je n’ai rien à dire. Quand on est capable d’aller à la plage toute habillée, c’est sans doute plus un acte militant et provocateur, tant la plage a une autre utilité : celle d’être mouillé et au soleil, et de profiter de l’eau pour de bon. Donc : je sais bien que le burkini, le voile ou la burka sont essentiellement des oripeaux de l’extrême-droite religieuse. Et je suis antifasciste encore, même si, à vrai dire, je me sens seul.
J’entends l’extrême-gauche me parler de colonialisme, de libertés etc.
J’aimerais que les gens qui défendent les attributs de l’autre extrême-droite fassent la même chose pour les catholiques, les Juifs ou les bouddhistes du même acabit. Je sais bien que Pascal Bruckner a depuis longtemps réglé la question des sanglots de l’homme blanc, et je sais aussi que la lutte anti-coloniale reste le leitmotiv qui subsite à ce qui reste de la gauche, depuis qu’elle ne cherche plus du tout à lutter pour l’égalité sociale. (Lire à ce propos le définitif "La diversité contre l’égalité", de Walter Benn Michaels, cherchez...). Voir aussi ce qu’en dit Enthoven, qui a bien raison. Même si je suis jaloux de lui, parce qu’il me fait penser, je ne sais pourquoi, à Samy Frey dans César et Rosalie, et que David sera toujours David, et que j’aurais aimé avoir le charme des bruns ténébreux, et des Parisiens en bonne santé, parfois.
Non, ce qui me rend fou, vraiment, c’est que l’on défende le fascisme au-delà des faits, car il y a des faits. Je me souviens de Fatima et d’Aïcha, qui luttaient contre papa et les frères, je me souviens de la peur, de cette peur religieuse. Et je crois aussi me souvenir qu’il était quand même indispensable, pour tout idéaliste à une certaine époque, de lutter contre la religion. Au pire au nom de la laïcité - qui faisait de tout cela une affaire privée avant que l’on ne vende des Mirage et puis des Rafale aux Saoudiens en échange de leurs imams pour garder les troupeaux en France - au mieux au nom de l’athéisme. Mais parler d’athéisme aujourd’hui - ce qui reviendrait presque, faut-il le dire, à parler "science" - c’est offensant. La vérité est offensante, et les gens - le propre de l’homme peut-être ?- préfèrent largement les croyances à la vérité du doute, si j’ose dire.
Que défendra-t-on demain, au nom du relativisme ? L’extrême-gauche, cette coquille vidée, ira-t-elle au nom du respect de la culture des autres défendre l’excision ou l’infibulation, ces pratiques d’un autre temps très courantes en Afrique ? Depuis quand la culture est-elle respectable à tous les coups ?
La gauche est finalement morte par les deux bouts. La social-démocratie l’aura tuée du côté droit, par un libéralisme social à la Macron, la transformant en droite cool. Aujourd’hui, Hollande, c’est Giscard sans l’arrogance. De l’autre côté, le relativisme culturel importé USA empêche de penser la société idéale, celle des Manuscrits de 48, ou même les rêves d’un Auguste Comte, qui me semblent désormais une belle utopie, débarrassée des oripeaux des religions.
A bas toutes les religions. On devrait en faire des T-shirts, et les porter sur la plage. Courage.