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Australo-piteux
mardi 29 mars 2016, par
Sur la table de la cuisine traînent en pagaille des magazines par dizaines, selon mes états d’âme, et avant que la panique ne me prenne, mensuellement, et que je ne les range, de préférence dans les toilettes, car on retient mieux les mots quand on sort de constipation, c’est prouvé scientifiquement.
Sur la table de la cuisine, deux figures. Un supplément de "La Recherche™", et le dernier Books™ [1] , ayant pour titre "Fallait-il republier Mein Kampf ?", avec l’oncle Adolf et son beau profil d’illuminé. La première couverture représente la reconstitution faciale et très vraisemblable d’un australopithèque ou, peut-être, d’un homo-érectus plus tardif, je ne sais plus. Entre les deux, un million d’années.
Très franchement, malgré les bourgeons dans les vergers, le vert qui vient aux saules-pleureurs, mes cinquante ans assumés depuis trois jours, ces centaines de femmes qui m’attendent en rêve quelque part depuis que j’ai une barbe blanche bien taillée et que je suis sexy comme c’est pas permis, malgré le fait que j’ai sans doute gagné au moins 17 millions à l’Euro loto d’il y a trois semaines, malgré la beauté de mon vélo et la réussite de quelques photos de mes enfants, j’avoue : je ne crois pas au progrès.
Mais vraiment pas.
Je me parle tout seul le soir face à la chatte grise quand les enfants ne sont pas là. Je lui dis : "T’as vu, on a l’air con tous les deux la semaine où les gamins ils sont pas là, hein ? " Et la chatte de regarder autour d’elle le bol à croquettes. Je lui parle. "Tu crois que les croquettes pour chat, c’est fait avec des cadavres de vieux des maisons de retraite ? Tu crois que c’est du local ? Du bio ?".
La chatte comprend très bien ce que je dis. Elle déteste toutes sortes de croquettes, malgré les conseils de la vétérinaire et les échantillons obligatoires de croquettes sèches qu’elle a osé me donner en obligation : "Monsieur, il faut donner des croquettes à votre chatte stérilisée, c’est la loi du marché !". Et là, je m’étais dit que la boucle serait bouclée si l’on pouvait faire les croquettes avec des vieux, on libérerait de l’espace dans les maisons de retraite, on pourrait y mettre des Bosniaques ou juste des étrangers, on remettrait l’argent thésaurisé sur les marchés financiers, on financerait la croissance en Chine, tout le monde serait content : SOLEIL VERT !
Il est à noter que le titre du film avec Charlton Heston ce vieux con n’est pas "Soleil vert" en anglais . Mais qui est vraiment intéressé par l’histoire humaine quand on voit ce que l’on est devenu ?
Je demande à la chatte si elle croit au progrès humain, tout en débarrassant mon assiette de pâtes réchauffées au micro-ondes. Je la vois penser à Manuel Valls, qui sera sans doute un jour en couverture d’un Ipad 18™, d’ici quarante ans, à-côté d’un portrait d’Hitler toujours lui ou bien, plus logiquement, de ce pauvre Néandertal qui est parti avant de nous avouer les raisons de sa mort.
Tant d’années d’évolution humaine pour produire cela. Tant d’années pour se retrouver une semaine sur deux face à un chat, un Australopithèque et Adolf Hitler, en écoutant Manuel Valls à la radio, à bouffer des pâtes en attendant la mort...
[1] Il faut absolument aider ce merveilleux mensuel à vivre encore longtemps, donnez des sous sur leur site, et vite !