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Je me radicalise

samedi 23 juillet 2016, par Grosse Fatigue

C’est l’Amérique je l’avais bien dit. Ça fait des années que je l’avais prévu, pour une fois, j’avais bien raison. Ici, un taré qui flingue à tout va dans un centre commercial allemand, là, un voyou narcissique roulant sur les gens au nom d’un dieu qui n’est rien de plus que l’illusion bien connue. Rien de nouveau au soleil. La seule chose qui vient, c’est l’Amérique.

Mes enfants sont américains. Ils pensent américain, ils mangent américain ou presque, à n’importe quelle heure bientôt, il n’y aura pas de limite ni de repère, c’est peut-être de ma faute, à force de nier le sacré et les dimanches.... Le petit veut créer des super-héros, pas des Dupont, ou des Dupond, ou des Superdupont™, non, rien à foutre ! Des superhéros de "l’entreprise Marvel™" oui, ça lui sort comme ça au gamin... La grande voudrait vivre là-bas, je l’ai prévenue que là-bas, elle serait noire, et que ça n’est pas si pratique... Il a fallu lui acheter des livres à ce propos, mais rien à faire, ce qu’elle préfère, ce sont ces livres débiles qui font les films pour adolescents, avec toujours la même histoire de pouvoirs magiques et de filles héroïnes qui manient des bombes atomiques à coups d’épées. Rien à faire contre l’Amérique. Même l’Islam, c’est l’Amérique. L’ambassade du même nom fait pression pour que l’on reconnaisse toutes les communautés, toutes les minorités et mêmes celles qui n’existent pas encore... Nous qui étions si beaux et valeureux avec notre préambule constitutionnel sans distinction de race ! Il faut maintenant distinguer les races, les genres, les classes, les dominants, les dominés, ça fait un sacré merdier.
Ce soir, je me radicalise. Moi aussi j’ai divorcé, moi aussi je suis américain, moi aussi j’irais bien tuer des tas de gens, mais pas des innocents, non, des décideurs.

Voilà : les décideurs.

Par chance, les décideurs ne s’attroupent pas, ou alors discrètement, ou bien dans des endroits dont je n’ai pas idée.... Je pourrais tuer aussi des agriculteurs, ou bien quelques curés, mais ils sont durs à trouver et pas très médiatiques.

Je me radicalise, tranquillement dans le noir, au bord de la rivière, je fais semblant de croire au courant qui m’emmène. Je sais qu’il faut une explication à tout parce que les gens ont besoin d’excuse. Ce n’est pas tant que l’on est trop libre, c’est juste que l’on a trop le choix, et que dorénavant, chacun a son mot à dire, même le péquenot qui n’y connaît rien, même mémère qui en a besoin. Tout le monde parle et fait du bruit, sans un livre, sans un écrit, chacun participe en ouvrant trop grand, en tirant sur la foule, en s’imaginant changer le monde qui nous engloutit.

Ce soir je me radicalise. Je m’endors de plus en plus tôt, je me lève de bonne heure, j’essaye de m’éloigner d’eux.