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News du jour, mon imagination

lundi 5 septembre 2016, par Grosse Fatigue

Quand j’étais gamin, j’imaginais que les chefs de gare avaient fait de sacrées études. Ils étaient investis de responsabilités colossales, par exemple l’équilibre des trains sur les rails, ou le poids des locomotives, et puis surtout l’heure. J’avais l’impression qu’ils étaient les uniques responsables de l’heure, de même que j’imaginais sans joie qu’une type quelque part à Paris, dans une chambre mansardée assez austère, inventait toutes les histoires drôles que l’on se racontait, de Carambar™ en Carambar™.

Enfant, j’avais de l’imagination.

Aujourd’hui, sur ma ligne de train, il y a eu deux suicidés. Avant ma propre grande dépression - quand la mère des gosses est partie chez un dingue avec eux - je n’avais que peu d’empathie pour les dépressifs, et encore moins pour les suicidés. Mon père avait fait la guerre, la deuxième et la mondiale, et les tracas du quotidien me semblaient bien insuffisants pour justifier la déprime ou - pire - la mort.

Depuis j’ai changé un peu.

Le chef de gare ce soir m’a regardé, quand je lui ai dit que la SNCF, cette boîte de merde, pourrait assurer les heures de départs. Il m’a répondu qu’il fallait que je me plaigne aux deux suicidés du jour. J’ai précisé que c’était du second degré, mais il rentrait de vacances, et j’ai donc conclu que l’on était mal parti, et que les chefs de gare n’avaient rien d’exceptionnel, à part le fait d’être des menteurs, comme tous les employés de la SNCF.

Parce que le TGV qui partait avant est parti avant. Lui.

Enfin bon. Quelle idée tout de même de se suicider comme ça. Le dernier quart d’heure de gloire : plus personne n’échappe au suicide médiatique. Les athées sur les rails, les autres « boum », à la Charles Trénet. (paix à son âme).

De nombreux lecteurs me félicitent du retour, et d’autres, encore plus nombreux (trois plus exactement), me demandent mon avis sur Emmanuel Macron.

J’avoue que je m’en fous pas mal de ce type. Je sais juste qu’il comprend les règles de la chasse, qu’il va donc pêcher dans les eaux du centre avant de ramener le poisson à son chef président, en espérant peut-être une petite récompense, et en faisant croire aux gogos qu’un type comme lui va sauver la France. Mais pas du nucléaire, non, pas du nucléaire.

En attendant, le train est bloqué à perpète en pleine campagne, les enfants vont être seuls à la maison, j’ai expliqué à ma DRH que oui j’allais bien, mais que le bonheur était, disons, derrière moi, puisque je n’arrive pas à concevoir le bonheur autrement qu’avec mes gamins à la maison, à plein temps, à essayer de les aider à devenir des gens bien. Donc voilà.

Comme tout le monde, elle me répond qu’il faut trouver autre chose.

Je cherche.

Enfant, j’avais de l’imagination.