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Mon slip en argile

lundi 21 mars 2016, par Grosse Fatigue

J’ai toujours eu un problème de slip. Oui, je sais, à quelques jours de mes cinquante ans, c’est un peu n’importe quoi de me confier au monde entier, à vous tous, les gens, vous tous, les inconnus, c’est un peu comme montrer mon cul, mais n’y comptez pas.

Car ce soir, avant le journal de vingt heures que les deux petits attendent surtout pour voir "Parents : mode d’emploi" juste après (un comble quand on a divorcé), eh bien, il y avait cette publicité pour le test du cancer de l’anus, même si ça n’est pas dit comme cela et que je ne me souviens plus du terme exact, mais on y voit un type de mon âge qui ressemble vraiment aux gens qui avaient cinquante ans quand moi j’en avais douze, et ce type a sans doute chié proprement deux grammes de matière fécale dans un tube éprouvette éprouvé de sang froid, le tout en restant très propre, et il envoie son test par internet et il sait s’il va mourir. Il faut ensuite le faire tous les deux ans pour retarder l’âge de la mort. Rien à voir avec mes hémorroïdes, bien entendu.

Les deux petits m’ont alors regardé : papa, tu devrais le faire.... C’est sans doute moins éprouvant que le lavage d’estomac avec du mastic en poudre la veille de la coloscopie, mais franchement, non, je n’ai pas envie de savoir.

Mon vrai problème réside dans la difficulté à trouver des slips à ma taille. Car je suis hors-normes, chaque face y va de son exagération, mais disons qu’il y en a une qui peut se rétracter alors que là, au sortir de l’hiver, j’ai vraiment des grosses fesses. Et c’est là où je veux en venir : non à la dictature de la mode zut.

Le boxer, c’est bien gentil, mais ça tient chaud et ça rend stérile. Oui, les filles adorent, c’est mieux que le Kangourou, et puis j’ai déjà quatre enfants, on s’en fout d’être stérile. Oui, mais ça tient trop chaud. Alors je cherche dans le rayon slip du supermarché Géant et tout est cher, et je n’arrive pas à lire ma taille dans le rayon du slip normal, je demande au petit qui confond tailles et poids, et me voilà perdu.

J’ai envie de me mouler des slips sur mesure en argile blanche. Je me souviens en avoir découvert à la limite de la Sologne, dans un fossé derrière la ferme de mes cousins, et depuis, l’argile blanche me fait rêver. Je pourrais en faire un moule, et demander par internet à des geeks de l’imprimante 3D de me coudre sur-mesures mon slip à moi, ou bien à quelque artisan du Bangladesh de m’en produire du même acabit grâce à des tas de petites mains d’enfants payées six francs six sous.

Il faudrait pour cela me mettre nu dans le supermarché Géant, m’enduire d’argile blanche achetée chez Cultura™, et attendre que ça sèche.

Comme c’est trop compliqué, j’ai pris la taille XL. Le coton est élastique mais je sens le vent par en-dessous, et j’imagine le pire. Espérons que ça rétrécit au lavage.

Papa, pour le cancer du colon, s’il te plaît, ça coûte rien, non ?

Je n’ai pas envie d’en savoir plus. J’ai envie de me mouler tout dans de l’argile blanc, et Michel Berger mort en ferait une chanson vaporeuse. Ce serait bien. Je ne veux pas savoir quand je vais mourir, ni de quoi. La mort rôde bien assez comme ça, mon slip en argile me protègera.

Enfin j’espère.