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Perspectives d’avenir

lundi 8 février 2016, par Grosse Fatigue

Les agriculteurs nous ont bloqués pendant une heure trente. J’ai éteint le moteur. Les petits me posaient des questions. C’était difficile d’y répondre. Comment faire confiance à des types qui brûlent des pneus de tracteurs usagés en pleine ville ? Pas étonnant que ces gens-là ne reculent devant rien et balancent six ou sept litres de pesticides sur chaque pomme ramassée. A vrai dire, les agriculteurs ne m’intéressent pas plus que les actionnaires de Total™. Ce sont de vagues cousins.

J’ai vu un dessin je ne sais plus où. En fond, il y avait la terre dans l’espace et sur la terre, trois ou quatre compteurs. Celui des énergies fossiles, de l’eau, et de je ne sais plus quoi. J’y ai repensé en regardant les agriculteurs en colère, puis les notes des enfants. Même si ça n’était que les notes du Conservatoire, des notes de musique qui s’envolent.

Les compteurs sont bientôt à zéro. On aura beau faire, on aura beau croire, on aura beau faire croire - dernier rôle du politique - on n’y pourra rien. La génération des gamins est mal partie si celle des parents ne freine pas un peu sur la consommation. Pour ma part, j’ai fait de mon mieux. Mais la chaudière au bois n’est pas très fiable, ma bagnole est tombée en panne, mes trajets me coûtent trop cher, l’EPR de Flamenville ne m’a pas fait oublier Tchernobyl.

Les compteurs sont bientôt à zéro et des idiots s’évertuent à mettre des moteurs électriques sur des vélos de plaine, alors qu’il suffirait de mettre des vélos partout. Il faudrait ralentir : qui commence ?

Papa, tu crois qu’on pourrait faire agriculteur ?

Non petit, il n’y a plus de terre.

Tu veux dire que la terre va disparaître ?

Non, elle a disparu. On plante des trucs hors-sol, on mangera bientôt des carottes carrées à cause de la logistique et des écrans plats, tout cela me désespère. Je trouve que les gens sont désespérant. Heureusement que j’ai quelques bons bouquins en ce moment sous la main, même si ce sont des bouquins pas toujours aussi gais que La mort de Roland Barthes.

Papa, tu trouves que c’est gai la mort de quelqu’un ? Et c’est qui Roland Barthes ?

Je termine sur la DS, sur les symboles, et l’on finit par voir les agriculteurs enflammés sauter de fureur devant un Intermarché™ qui ne vend plus que du porc allemand, alors que les Loups sont entrés dans Paris Reggiani, c’est bien connu.

Papa, on fera quoi quand tu seras mort ?

Je ne sais pas. Vous demanderez à maman, j’imagine....