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Simplifions

jeudi 4 février 2016, par Grosse Fatigue

Je me suis toujours demandé pourquoi la musique n’était pas plus simple. Par exemple, si l’on confiait les règles du solfège à des académiciens grabataires, nul doute qu’ils parviendraient à supprimer quelques notes. Par exemple, les Occidentaux ont moins de notes que les Arabes ou les Indiens, qui utilisent des quarts de tons. Enfin, qui utilisaient des quarts de ton ! Les Arabes et les Indiens d’aujourd’hui sont sans doute aussi nazes que les Brésiliens pour aimer le Rap et David Guetta, cet étron planétaire (voir billet précédent). On doit bien pouvoir trouver quelque abruti pour simplifier la musique et édicter un nouveau solfège. David Guetta ?

Il faudrait aussi s’attaquer au rythme. C’est un peu déjà fait. Les Européens n’étant pas très doués en rythmes, se contentant de mesures paires la plupart du temps, binaires le plus souvent, évitant le ternaire (6/8 ;9/8, 12/8), histoire de ne pas pointer les noires, ah ah ah.... Les Européens aiment donc le boum-boum, parfois le boum-boum-boum quand ils sont Autrichiens ou valsent musette. Mais ça s’arrête là. Les Indiens et les Africains ont l’art de compliquer tout cela, et de rajouter des tas de mesures impaires qui donnent froid dans le dos.

Je préviens le lecteur et Najat Valaud-Belkacem : c’est normal que tu comprends rien. C’est normal. C normal. C bien mem.

Si tu comprends rien, lecteur, c’est que, tout comme moi, non seulement tes parents étaient des bons à rien, tu n’as pas fait le Conservatoire, personne ne t’a mis à la musique, et surtout, la musique, pour toi, c’est un bon moment autour d’une bière avec des gens qui crient tout autour. Oui, bien sûr. Moi, je fais ma prétentieuse, mais pour le solfège rythmique, j’ai mis huit ans à comprendre.

Simplifions la musique. Imaginons cinq notes bien propres, pas trop tendues, et un rythme binaire super binaire, un 4/4, ça peut donner de bonnes choses même si Bowie est mort, mais il ne faut pas exagérer.

Nous y voilà : ce genre de choses, la ministre ki raiform le colège, el peu le fère. El en é capab.

Mais voilà : réformer pour appauvrir, ça n’aide personne.

J’ai longtemps rêvé d’un accès facile à la musique. Mais la musique est complexe et je ne suis pas doué. La musique, ça n’est pas comme le vélo, il faut aussi comprendre, pas seulement en faire. Alors la réforme de l’orthographe, c’est très bien. Nous n’avons déjà plus grand-chose à nous lire puisque les vidéos peuplent nos esprits. Nous pouvons envisager que - d’ici quelques siècles - les enfants n’auront plus besoin d’apprendre à parler car l’humanité tout entière saura exprimer ses besoins primaires avec quelques phonèmes collés, pipi, caca, peut-être même caca-boudin pour l’humour, boodin en anglais, popo, et je ne sais quoi en Hindi ou en Vietnamien.

Simplifier : ça ne sert à rien. On ne simplifie pas un paysage, ni un tableau, ni une photographie ou une œuvre d’art. C’est tout simplement idiot. Simplifier l’orthographe n’empêchera jamais les pauvres de ne pas parler aussi bien que les bourgeois. Ça n’est pas révolutionnaire : c’est le contraire. Simplifier la langue permet à ceux qui la maîtrisent le mieux de laisser pour compte les laissés pour compte, de les éloigner à jamais de la compréhension du monde. Qui envisagerait de supprimer des couleurs de l’arc-en-ciel sous prétexte de ne pas froisser Ray Charles ou Stevie Wonder ? Tiens, allez donc leur parler de couleur en musique, vous verrez où ils vous la mettent la septième mineure...

La vré mesur révolutionère Nadia Balot Commejelème, c’était d’apprendre à tous les gamins le solfège et la musique, la grammaire et l’orthographe, le dessin et la peinture, l’Allemand et l’Italien, j’en passe et des meilleures, pour que plus personne ne vienne nous reprendre quant à nos ambitions et nos désespoirs.

Je suis sûr que des écoles privées vont fleurir un peu partout pour, moyennant finance, enseigner tout cela à une fine fleur d’élus, alors qu’il suffirait d’une bonne réforme de l’éducation pour faire de ce pays autre chose qu’une baudruche ratatinée.

François Hollande, tu es minable je te conchie ordure.

Ça me fait juste beaucoup de bien de le dire.

Encore une fois, merci au gouvernement de cons, pour les cons.

Que personne ne vienne se plaindre.

Poum. Poum. Poum.