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L’origine de la vulgarité

mardi 19 janvier 2016, par Grosse Fatigue

Là là là je cherche du parfum à offrir à une brune mais je ne sens que du parfum vanille dedans pour des blondes en voie de disparition. Les parfums des grandes marques sentent la vanille de synthèse et la globalisation, et l’argent des actionnaires. Je demande aux dames si elles ont du Fendi mais on n’en fait plus monsieur, on fait du standard. Je renifle dans tous les magasins de la ville les parfums dont j’ai oublié le nom, et puis je n’ai plus l’habitude d’offrir du parfum à une femme même si j’avoue aimer - Français - le parfum comme j’aime le fromage et le vin, ou les souvenirs d’enfance. J’avoue que je n’ai jamais aimé le parfum de Cécile et que celui de Sophie m’a toujours gêné. Quand j’ai quitté Sophie pour Cécile, je n’ai pas été déçu. Je n’aimais pas le parfum de la première et n’avais aucun enthousiasme pour l’odeur de la seconde. Rien n’y fît.

Des filles vulgaires entrent et sortent des parfumeries. Je suis à genoux devant les parfums à renifler autant que faire se peut, à plusieurs reprises, je m’en mets dans les yeux, du Lancôme, du Dior du Kenzo etc.

Les filles vulgaires se tripotent et vapotent et ventripotent, le tout dans des collants élimés ou des jeans troués laissant voir l’ampleur du gouffre plat que font les décalcomanies de leurs tatouages permanents. Elles causent beaucoup entre elles et je me demande quel heureux hasard a bien pu inventer la vulgarité. Si je sortais de prison, j’aurais beaucoup de désirs pour la plupart d’entre-elles. Là, j’ai envie de leur demander de sortir tellement le gâchis et la laideur. Les filles vulgaires me montraient par en-dessous des perspectives terrifiantes, et je priais je ne sais quel dieu que les petits garçons absents alentour s’éloignent de leur origine du monde à elles, ce monde vulgaire et épilé à la cire comme ma mère autrefois, juste moche tout ça. Je dis ça parce que j’étais accroupi à renifler du Jean-Paul Gaultier dans une boîte de conserve et, décidément, non, malgré le génie du marin breton, non, ça n’ira pas à une blonde, c’est plutôt un truc pour les garçons effet minet, ceux du drugstore dans la chanson de Dutronc.

Finalement en payant, la dame me demande si c’est un cadeau pour madame, et si madame a la carte. Je réponds que madame a la carte mais qu’elle peut bien aller se faire voir, parce que c’est pas pour madame putain merde, les filles vulgaires qui m’ont montré sa culotte à elles m’ont contaminé, je réponds c’est pas pour madame, c’est pour une autre, alors je suis reparti avec une carte de fidélité à mon nom à moi, une carte de fidélité en cette période de soldes, et de soldes de tous comptes, de soldes du couple à vrai dire, j’avais l’air fin.

Dans la rue piétonne encore humide vers midi, un fou parlait seul d’un pays inconnu où les gens ne l’aimaient pas, et faisait deux pas de côté. Il m’a regardé en souriant, puis m’a dit de continuer à éviter les femmes. Je n’avais encore rien mis en ligne, j’ai senti comme une sorte de paranormal. Un type jouait de la trompette ou du bugle je ne sais plus, et c’était juste, alors j’ai laissé deux Euros dans sa mallette. Il y avait beaucoup de pièces de deux Euros dedans.

Et puis l’une des filles vulgaires est repassée avec une autre devant moi, et j’ai préféré oublier tout ça, les femmes, les enfants, les classes sociales et les mendiants. J’en avais marre de l’hiver tiède et de la fin du monde, j’avais envie d’ailleurs.