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Ils avaient un petit môme : dissection d’un couple merdique

mercredi 9 décembre 2015, par Grosse Fatigue

Je me souviens d’eux parce que l’on était voisin. Il peut arriver au hasard du prix des loyers de côtoyer des gens qui ne seront jamais nos amis mais qui, par ennui ou politesse, vont jusqu’à vous proposer de venir boire l’apéro, même quand on déteste comme moi, ce genre de tradition, par haine viscérale de la tradition en général. Ah, l’apéro, les cacahuètes, la masse de saloperies dans des emballages criards et rouges et en plastique. Comme si ça pouvait nous faire plaisir de manger ces petits bâtonnets prêts comme de bien entendu, comme si l’on pouvait avoir une quelconque envie de savourer de l’industriel pour faire connaissance.

J’étais de mauvaise humeur.

Parce que je les soupçonnais.

A l’époque, des filles pas que blondes venaient chercher dans mon lit ce que je n’avais pas et j’essayais en vain de les convaincre qu’il y avait mieux à faire mais je ne me souviens plus vraiment... L’une d’elle était un peu indienne, bonjour Sophie. Et j’ai cru entendre dans la cour - malgré dix ans de batterie à l’époque - le terme sénégalais "Bougnoule" dans la bouche de la cuisinière de la cuisine d’en-face, celle qui justement quelques soirs plus tard, me proposerait un tas de choses industrielles autour d’un alcool fort, cette sorte d’enfer pour moi.

Lui me précisait d’emblée que le prix des alcools forts avait augmenté - qu’est-ce qu’on prenait ! - et que vraiment, ça suffisait comme cela. Le propre des petits couples merdiques en général et des cons en particulier est de ne pas toujours faire attention aux autres, en imaginant qu’une certaine couleur de peau suffirait à nous rendre complices, jusqu’au génocide si besoin, enfin j’imagine. Ils avaient un petit môme déjà trop gros et c’était comme un jouet pour eux deux. Sur les genoux dénudés de sa mère, il ressemblait à un gros genou de sa mère avec des yeux au milieu. Moi qui adorait les enfants, j’aurais aimé le faire adopter par des gens gentils mais c’était illégal depuis longtemps.

Lui me précisa aussi que ça n’était que le premier d’une longue lignée parce que quand on aime on ne compte pas même si moi : je pensais vice-versa. Quand on compte : on n’aime pas. Et je le regardai incrédule compter jusqu’à quatre voire cinq ses projets pour engrosser la maîtresse de maison, ravie de nous apporter un plateau plastique couvert d’amuse-gueule décongelés. J’avais l’impression d’en faire un peu partie : j’étais avachi.

A regarder leur décor et ce qui leur plaisait, je ne pouvais que me dire à quel point les fascistes mous d’un parti qui arriverait un jour à ses fins - je pense que nous étions eux et moi dans les années quatre-vingt-dix - à regarder ce décor et le temps qui passait déjà trop vite, je tenais l’argument conceptuel immanent au fascisme à venir : le confort tranquille des gens sans saveur, sans envie, et sans âme. Les autres habitants de la cour se pavanaient dans du mobilier Emmaüs un peu pourri, mais si plein de la vie imaginaire du passé qu’ils en avaient fait des intérieurs chaleureux. Là, mon couple de donneurs de leçons sur le niveau de leurs premiers impôts, sur le prix de la crèche et, bientôt, sur les étrangers un peu trop nombreux vous trouvez pas vous ? commençait à m’agacer sérieusement.

Aujourd’hui la chose est presque bouclée, le promontoire est avancé, le tremplin est prêt, il suffit d’attendre les deux ans de cuisson jusqu’aux présidentielles. Les petits couples sans âme, ces mal élevés du cœur, ces attardés d’un mauvais goût volontaire et ces nantis d’un confort fessier générique et premier vont nous imposer dès demain la platitude de leurs vies : pas de vague.

Et franchement, ça fait très chier.