GROSSE FATIGUE cause toujours....

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COMBIEN ? HEIN ? COMBIEN ?

vendredi 16 mars 2012, par Grosse Fatigue

Des chiffres, des chiffres. PIB, croissance, taux, rentabilité, heures travaillées, etc… Chômeurs ! Combien, toujours combien.

Il est beau l’avenir politique. Combien : combien toujours.

Combien de temps nous reste-t-il ? Avons nous des réserves ou des excédents ? Inflation !

Inflation piège à cons.

On ne nous parle que de chiffres parce que l’on s’adresse à eux et pas à nous. Nous ?
Des chiffres !

Des millions par sondages entiers. Des somnambules sur des tendances à l’aveuglette. Des équilibristes au-dessus de routes semblables, sans altitude. Nous sommes des putains de chiffres. Même nos sentiments sont comptables. Si l’on nous questionne, c’est pour mieux nous additionner. Qui pense ceci-cela ? Ah, mais vous êtes nombreux dans ce cas à penser la même chose et tant pis si ça n’est pas pour les mêmes raisons ! L’important est de compter ce qui compte. On y voit une tendance, un fait social, du lourd. Personne pour nous parler d’autre chose. Le sondage : c’est combien ? Je ne m’y vois pas dans les sondages. C’est que j’ai comme la vague impression d’être incompétent : non-dénombrable.

L’utopie, c’est bien fini. Il faut gérer. S’attendre au pire. Faire des réserves. L’utopie putain !

Pas un seul pour nous dire que l’on manque d’herbes en centre-ville. Que la musique est laide quand elle est commerciale. Qu’il faudrait subventionner les violons en banlieue pour que plus personne ne pisse plus jamais dedans. Personne, personne ! C’est toujours la même ritournelle, on dirait du rap, du binaire, de la techno : combien ou combien ? Combien de beat par seconde ? Par minute ? Et qui que quoi donc où ? Ah non. Ça n’intéresse personne. Et personne pour nous dire que la connerie est si suffisante en haut-lieu qu’il faudrait l’interdire. Et puis, dans le même topo, interdire aussi la suffisance : d’une pierre deux coups ! Des mesures concrètes bon sang ! Des suppositoires pour s’agrandir ! Des zones pavillonnaires plein le ciel ! Une autoroute directe de chez vous vers Barcelone, à cause des anarchistes, enfin, de leurs cimetières, des pèlerinages !

Les comptables nous encerclent, nous les Indiens ! Le monde à l’envers ! Avec leurs calculettes, ils regardent nos aquariums et nous comptent comme des grains de sable synthétiques, bien entendu : synthétiques ! Combien de grains avons-nous ? Que nous reste-t’il ? D’heures ? De jours ? De livrets A ??? Combien faut-il mettre pour qu’il en reste un peu plus chaque jour afin d’assurer la croissance, les flux tendus ! Ah, qu’ils sont tendus les flux ! Regardez la Chine ! TENDUS qu’ils sont les Chinois ! Tendus les Américains ! Il faut que ça fonce ! C’est de la F1, sans Fillon sans Le Mans, mais il faut que ça fonce : CONSOMMATION.

CONSOMMATION ! CROISSANCE ! PIB !

COMMENT LES ATTEINDRE À JAMAIS !!! ??? Comment ?

Ce n’est pas tant pour qui qu’on nous prend. C’est pour qui qu’on nous compte. Qui con nous compte.

Combien êtes-vous à penser ainsi ?

Ah.

Je me retourne.

Ah.

Je suis absolument seul.

Un seul.

Je ne compte pas.