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Migrants
vendredi 4 septembre 2015, par
J’ai traversé le Massif Central par le nord cet été. J’aime le Massif Central. C’est un socle commun. Un continent. Quand je pense que c’était une île avant d’être au milieu de nous.
En traversant en voiture, on peut voir les bicoques abandonnées. Et encore : il doit y en avoir bien plus, sur les départementales plus lointaines qui ne sont pas à la croisée des chemins.
J’ai traversé mon supermarché ce matin. Des millions de références, la quête de l’inutile comme récompensée en permanence, comme si notre imagination dérisoire n’était orientée que vers de nouveaux besoins, qui nous empêcheraient de tomber.
Je sais que les fruits et légumes pourriront dehors, que les dates de péremption sont un peu péremptoires, que les poissons ne finiront pas tous en papillotes. Je sais très bien que l’eau de Javel ne servira pas qu’à nettoyer les étals. Non, on en met plein la salade pour éviter que les Gitans, comme des escargots improbables, ne viennent en assaisonner leur quotidien.
Il me semble qu’en mélangeant tout cela, on pourrait loger des tas de gens dans les bicoques vides du Massif Central, en organisant la distribution du surplus de tout.
En traînant chez Emmaüs - j’y balance moi-même tant d’inutile ! - en regardant ce que nous dégueulons et que d’autres récupèrent, il me semble qu’il reste de la place. C’est bien sûr une idée saugrenue. Une idée absurde. Avec cinq millions de chômeurs, que peut-on faire de cent-mille migrants ? Que faire de ces salauds de pauvres ? Et s’ils repartaient un jour ? Et si c’était temporaire ? Et si l’Auvergnat qui sans façon ?
Et s’il repeuplaient la jeunesse ? Et s’ils étaient enthousiastes ? Et s’ils n’étaient pas intégristes ? Ah non, je crois qu’ils ne sont pas intégristes ceux-là. Je pense même que l’on pourrait les échanger contre nos intégristes à nous (et l’on pourrait, en cachette, leur donner aussi nos cathos intégristes, nos juifs intégristes, nos bouddhistes intégristes...). Oui, recevoir les migrants syriens et les échanger contre nos fachos. Nos fachos franco de souche, nos fachos arabes, nos fachos en tous genres. Il paraît même que les Africains noirs ne s’aiment guère entre eux. Je le sais : j’ai fréquenté les salons de coiffure afro, du temps où j’avais une femme aux cheveux très frisés. Passons.
Oui voilà, faire un échange, un rêve. Repeupler les villages abandonnés, on y ferait un peu de maçonnerie, on s’arrangerait pour la toiture, tout cela.
Mais bon.